C’est la douche froide parmi les opérateurs du global business à Maurice. Depuis ce 5 mai, l’agence Reuters avait annoncé qu’une douzaine de pays, dont Maurice, allaient se retrouver sur une liste de juridictions financières à «haut risque». Ce 7 mai, la Commission européenne (CE) a confirmé la nouvelle à l’issue de sa réunion du jour.

Maurice, avec la Barbade, le Botswana, le Cambodge, le Ghana, la Jamaica, la Mongolie et le Myanmar/Birmanie, intègre ainsi la liste de 20 juridictions jugées insuffisamment transparentes et collaboratives en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Alors que 5 pays, dont le Sri Lanka, l’Ethiopie et la Tunisie sortent de la liste.

Dans sa décision circulée cette fin d’après-midi, la CE rappelle qu’en février dernier, la Financial Action Task Force (FATF) a identifié des faiblesses de Maurice. Cette autorité internationale avait suivi l’évaluation de la place financière locale par l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group en septembre 2018.

Selon la CE, des «strategic deficiencies» sont notées dans la capacité de Maurice à démontrer que son régulateur du secteur du global business ainsi que les «entreprises et professions non financières désignées» appliquent efficacement une surveillance basée sur le risque. Il est également reproché aux autorités compétentes de ne pas faciliter l’accès à des «informations de base et précises» et le «beneficial ownership» au sein de l’offshore local.

Maurice, juge également la CE, n’a pas pu démontrer que ses law enforment agencies ont la capacité d’enquêter sur les cas de blanchiment d’argent notamment à travers des audits financiers de cas complexes. On reproche aussi à Maurice d’avoir échoué à mettre en place une supervision basée sur le risque pour le «non-profit organisation sector» dont certains acteurs peuvent participer au financement du terrorisme vu leur faible réglementation. Enfin, Maurice n’a pas mis en œuvre une politique de sanction financière ciblée, note la CE.

C’est à partir du 1er octobre que la nouvelle liste deviendra effective. D’ici là, les pays membres de l’Union européenne (UE) peuvent s’opposer à ce que certains pays y figurent ou soient retirés de cette liste précise Vincent Degert. L’ambassadeur de l’UE à Maurice prévient toutefois que cela ne veut pas dire que Maurice ou tout autre pays quitteront la liste communiquée ce 7 mai.

Si Vincent Degert estime que l’inclusion de Maurice sur cette liste était «attendue», vu l’avis récent de la FATF sur le pays, il explique également que c’est par la voie diplomatique que Maurice lance depuis récemment une offensive. Tout en rappelant que ce sont avant tout les déficiences notées au sein de la place financière locale qui doivent être corrigées.

Le diplomate rappelle d’ailleurs que l’analyse du problème local a déjà été effectuée et que l’UE, à travers les gouvernements français et allemand, a proposé une assistance technique à Maurice. Afin, notamment, d’améliorer la capacité de la MRA, de la douane, de la police et de la commission anticorruption à mener des enquêtes financières.

Pour Mahesh Doorgakant, les opérateurs du global business à Maurice considèrent la décision de la CE comme étant «injuste». Le président de l’Association of Trust and Management Companies estime que notre la juridiction financière dispose d’une «solid anti money laudering base, meilleure que de nombreux pays européens », assure-t-il.

Évoquant les effets de ce classement, Doorgakant pense que le secteur sera «certainement affecté». Le professionnel de la finance rappelle toutefois que puisque cette liste entrera en vigueur en octobre, Maurice devra tenter de démontrer la robustesse de ses règles en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et sortir de cette liste aussi bien que celle précédemment dressée par la FATF.

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