Aucun indice ne sera épargné pour élucider le meurtre du détenu Jean Caël Permes. Les limiers de la Major Crimes Investigation Team (MCIT), la cellule homicide du Central Criminal Investigation Department (CCID), s’intéressent aux appels et messages échangés par les gardes-chiourmes concernés par le transfert de la victime de la Prison centrale vers et la Prison de haute sécurité de Phoenix, surnommée La Bastille, dans l’après-midi du mardi 5 mai.
Cet exercice, qui nécessite une autorisation d’un juge en Chambre et qui portera sur les communications à partir des lignes fixes et des téléphones portables, vise les membres de la Correctional Emergency Response Team (CERT) du Mauritius Prison Service (MPS) dont quatre d’entre eux ont déjà été inculpés dans le cadre de cette enquête. Il touchera également les officiers basés au quartier-général du MPS et dans ces deux centres pénitenciers.
Les hommes de l’assistant surintendant Vikash Seebaruth veulent s’assurer qu’il n’y a pas eu d’entente délictueuse en vue de «donner une correction» à l’habitant de Cité Ste-Claire. Ils devront également établir si le gardien qui a éteint les caméras de vidéosurveillance de La Bastille, sauf celle le filmant en pleine action, à l’arrivée du multirécidiviste a agi de son propre chef ou s’il a reçu des instructions. D’un collègue, voire d’un supérieur.
D’ores et déjà, la MCIT a interrogé deux détenus de La Bastille. A l’ombre à titre préventif après avoir fait l’objet de graves allégations dans une affaire de drogue, le mécanicien Kusraj Lutchigadoo a indiqué ce lundi 11 mai avoir vu des gardiens en train de frapper Jean Caël Permes «comme un chien» à partir d’une lucarne dans la cellule qu’il ne quitte qu’une heure par jour.
Egalement assisté de l’avocat Rama Valayden, le caïd Siddick Islam, dit Ti Nerf, a expliqué avoir entendu un détenu être frappé aux heures où Jean Caël Permes était censé arriver à La Bastille. Il n’a rien vu, ne disposant pas de lucarne dans sa cellule. Un troisième détenu, le pompier Vishal Shibchurn, soupçonné de faire partie du Gang du Sud, sera questionné en présence de l’ancien Attorney General ce mercredi 13 mai.
La version de Kusraj Lutchigadoo semble ne pas tenir la route alors que celle de Siddick Islam ne sera guère utile en cour. A la demande de Me Rama Valayden, tout deux font l’objet d’un transfert vers la Prison central, par craintes d’éventuelles représailles de la part des gardiens de La Bastille.
Reste à la MCIT de déterminer, au vu des traces de sang relevé par le Forensic Science Laboratory (FSL) à La Bastille, l’identité des gardiens du centre pénitencier qui se seraient acharnés sur Jean Caël Permes. Les éléments en leur présence indiquent que les quatre membres du CERT escortant le détenu de Beau-Bassin l’ont laissé entre les mains de leurs collègues.
Inculpés sur la base des traces de sang dans leur véhicule, lesquels échantillons font l’objet d’un test ADN, les membres du CERT ont pris un quart d’heure pour rallier Phoenix depuis Beau-Bassin. Les images du réseau Safe City n’ont rien relevé suspect sur leur trajet. C’est la paperasserie qui leur a pris 45 minutes entre leur départ de la Prison centrale et de La Bastille.
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