Quatre membres de la Correctional Emergency Response Team (CERT) du Mauritius Prison Service (MPS) ont été inculpés ce vendredi 8 mai pour le meurtre du détenu Jean Caël Permes. Ces trois Lead Prison Officers et un Prison Officer ont été traduits par la Major Crimes Investigation Team (MCIT) du Central Criminal Investigation Department (CCID) en cour de Curepipe à la mi-journée avant d’être placés en détention préventive.

La victime avait été découverte sans vie en début de soirée du mardi 5 mai à la prison de haute sécurité de Phoenix, notoirement connue comme La Bastille, quelques heures à peine après son transfert de la prison centrale, à Beau-Bassin. Transfert effectué notamment sur les instructions d’un haut-gradé de la prison que le présumé trafiquant de drogue avait copieusement insulté l’an dernier.

L’enquête des hommes de l’assistant surintendant de police (ASP) Seebaruth révèle que cette équipe de la CERT a été spécialement désignée par ce même haut-gradé pour escorter le détenu à La Bastille, prison qui sert surtout à isoler des fortes têtes. Avant de quitter l’enceinte de la prison centrale, le véhicule utilisé par le CERT s’est arrêté devant le quartier-général du MPS, dans l’enceinte même de l’établissement pénitencier, afin que le haut-gradé puisse s’entretenir avec Jean Caël Permes.

Si les quatre membres du CERT sont aujourd’hui inculpés de meurtre à titre provisoire, c’est parce que l’équipe médico-légale de la police a découvert lors de l’autopsie que le détenu a été torturé. Il a été violemment frappé de la tête aux pieds, ce qui a résulté en un choc hémorragique. Sa mort est survenue pas même une heure après son agression avec un objet contondant, telle une matraque, selon les Dr Sudesh Kumar Gungadin et Prem Chamane.

L’administration carcérale est sur le grill, car le détenu avait été découvert gisant sur un matelas trempé, preuve qu’il y a eu tentative de dissimuler le fait qu’il venait de faire l’objet d’une bastonnade. Le «water bed», jargon utilisé par les gardiens de prison ou les policiers, aurait servi de compresse géante. Reste aussi à savoir comment le garde-chiourme venu déposer son plateau-repas au détenu n’a rien constaté d’anormal.

Les membres du CERT avaient été priés jeudi à se présenter aux Casernes centrales, au lendemain de la découverte de traces de sang par le Forensic Scence Laboratory dans le véhicule qui a servi au transfert de Jean Caël Permes. D’autres traces de sang ont été relevées grâce au procédé BlueStar dans la nuit de mercredi aux endroits où le détenu se trouvait à la prison centrale et à La Bastille.

Des tests ADN sont en cours pour déterminer si ces échantillons appartiennent bien à la victime. Dans l’intervalle, outre l’enquête ouverte par la Commission des droits de l’homme confinée, l’épouse de Jean Caël Permes, Chianah, a retenu les services d’un panel d’avocats comprenant Sanjeev Teeluckdharry, Ravi Rutnah, Neelkant Dulloo, Neeven Moonesamy, Deepak Rutnah et Laksh Rampat. Celui-ci réclame une enquête indépendante dans une lettre adressée au Commissaire de police Mario Nobin ce vendredi 8 mai. Il lui révèle aussi que sa cliente a reçu un appel de La Bastille tard dans la soirée de mardi pour l’informer que son époux s’était pendu.

La femme de Permes a été interpellée par des garde-chiourmes de La Bastille par le passé aux côtés de deux complices alors qu’ils tentaient de balancer de la drogue synthétique, des téléphones portables, des cartes SIM, des chargeurs ainsi qu’un tournevis par-dessus le mur d’enceinte de la prison.

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