L’année 2019 est «un grand cru» à bien des égards pour le cardinal Maurice Piat. L’homme d’église n’est toutefois pas insensible à une «inquiétude sourde» qu’il dit sentir dans la société. Il en discute d’ailleurs dans sa lettre pastorale, dévoilée le mardi 25 février. Notre système électoral, la course à toujours plus de croissance, les inégalités sociales que cela engendre sont autant de «violences cachées», dit l’évêque de Port-Louis, et auxquelles il faut s’attaquer.

L’«obsession de la croissance», ainsi que l’a souligné l’abbé Jean-Maurice Labour, est délétère à cause de la surexploitation des ressources et une surproduction des déchets. La «violence écologique vient de cette violence économique ultra libérale», a souligné le vicaire général. Il était aux côtés du chef de l’Eglise catholique à Maurice pour présenter les grandes lignes de son message central pour le carême chrétien, cette année.

Une autre forme de violence se situe «au cœur même de notre démocratie» et du système «First Past the Post», a poursuivi Jean-Maurice Labour. Le découpage des circonscriptions ne reflète pas «réellement» les composantes de notre société, dit-il. Et d’ajouter : «Une partie de la population n’arrive pas à se faire reconnaître dans son identité». Sans compter «toutes sortes de discriminations» soulignées notamment par le Comité des Nations-Unies pour l’élimination de la discrimination raciale.

Les violences dans les familles sont un autre drame qu’il faut comprendre pour pouvoir résoudre. Car «derrière ces manifestations de violence se cachent des conditionnements d’origine sociale».

«L’Eglise n’est pas ici pour donner des leçons à qui que ce soit», assure le cardinal Piat. Ni pour seulement être la caisse de résonance de problèmes sociaux. Elle veut être «partenaire» pour initier des changements en profondeur.

Il y a des «signes d’espérance», avance l’évêque. Il pense ici à l’engagement plus soutenu des entreprises et du gouvernement sur la question de l’écologie et de l’urgence climatique. Il voit ainsi d’un bon accueil le programme sur le climat de la MCB de même que le «Climate Change Bill» qui, espère-t-il, sera «audacieux». Car si des ONG œuvrent dans le domaine du tri et du recyclage des déchets, elles «ne peuvent rien faire sans une politique claire du gouvernement».

Facebook Comments