Militante visuelle auto-proclamée, Zanele Muholi se bat contre les préjugés. Et pour le droit d’exister de la communauté LGBTI (lesbienne, gay, bi, trans, intersex…) à coups de clichés. Depuis qu’elle manie l’objectif, la Sud-africaine s’est mise en tête d’extirper cette communauté de son invisibilité. Car les orientations sexuelles ont beau être protégées par la Constitution sud-africaine, il n’empêche que les préjugés, et les violences, perdurent. Et que les personnes de la communauté LGBTI ont aussi besoin de se voir représenter.

Deux ans après avoir obtenu son diplôme du «Market Photo Workshop» de David Goldblatt, à Johannesburg en 2004, elle expose une série de photographies. Sur les murs de la galerie, des moments d’intimité, de tendresse, de séduction pris sur le vif… et dont les protagonistes sont des lesbiennes, noires, d’Afrique du Sud.

Zanele Muholi est d’abord militante avant de devenir photographe. Le mariage gay a été légalisé en Afrique du Sud depuis 2006. La Constitution y garantit la non-discrimination basée sur l’orientation sexuelle. Hélas, les personnes homosexuelles risquent tout de même d’être agressées, violer, voire tuer.

La série intitulée «Faces and Phases» que signe la photographe de 2006 à 2011 met ainsi en lumière 200 portraits de lesbiennes de son pays.

L’activiste visuelle s’est aussi consacrée à l’autoportrait. Le projet «Somnyama ngonyama», qui se traduit par «Louée soit la lionne», détaille 365 photos de l’artiste, pris un jour après l’autre, pour montrer la condition d’une femme noire et lesbienne au quotidien. La série «Mo(u)rning» dépeint les violences, dont le «viol thérapeutique», que subit la communauté LGBT.

Des photos de Zanele Muholi sont actuellement exposées à la galerie de l’Institut d’art contemporain de l’océan Indien. Visible en semaine de 10 heures à 17h30 à la rue SSR (ex-Desforges), Port-Louis, jusqu’au 30 novembre.

Repères

  • En 2002 : Diplômée du Market Photo Workshop à Newtown, Johhannesburg. Co-fonde le Forum for the Empowerment of Women»
  • 2009 : Obtient sa maîtrise en documentaire à la Ryerson University, à Toronto. Parmi les initiateurs d’«Inkanyiso», un forum pour les médias queer et les activistes visuels (www.inkanyiso.org)
  • 2013 : Elevée au rang de professeure honoraire de l’Université des arts/ Hochschule für Künste Bremen (Allemagne)
  • 2019 : Reçoit le «Rees Visionary Award» d’«Amref Health Africa»

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