Anoop Ramsurrun ne pratique pas la langue de bois. Sa proximité avec le MSM, et avec son leader et Premier ministre, il l’assume. «Je ne suis pas MSM, je suis Pravind Jugnauth», affirme-t-il sans gêne aucune. Ce n’est pas pour autant qu’il se fait dicter sa conduite à la Mauritius Broadcasting Authority, soutient le no 1 de la station de radiotélévision nationale.

En poste depuis quelques mois, Ramsurrun assure l’intérim au poste de directeur général depuis quelques mois suivant la démission de Mekraj Baldowa.

Ramsurrun dément, par exemple, toute ingérence politique. «Personne n’a essayé de m’influencer. Le Premier ministre peut me donner des ordres mais jusqu’à présent, il ne l’a pas fait», soutient le no 1 de la station de radiotélévision nationale. «I am the boss, I decide, rien n’est téléguidé par le PMO» (bureau du Premier ministre, NdlR), ajoute-t-il.

Sa toute première conversation avec le leader du MSM remonte à 2005, lors de la défaite du parti soleil aux élections générales. Surpris du départ d’un membre orange pour rejoindre un autre parti, il avait alors déclaré à Pravind Jugnauth : «Mo pli MSM ki ou prop minis, mo plis sinser ki zot.» Ramsurrun raconte être resté en contact avec Pravind Jugnauth, tout en se découvrant des similarités avec l’actuel chef du gouvernement.

Se retrouver à la tête de la MBC est l’aboutissement d’un parcours et un rêve qui se réalise pour Ramsurrun. Qui se dit inspiré par l’un de ses prédécesseurs Dan Callikan. Celui qui était aux commandes sous le régime travailliste était son guru, affirme Ramsurrun. Et Callikan lui a donné quelques conseils pour accomplir son rêve d’intégrer le top management.

Diriger la rédaction est «très difficile». D’autant qu’il y a eu un «désordre organisé» pendant les 30 ans qu’il a passés à la MBC, dit Ramsurrun. «A la rédaction, certains employés se contentent de leur proximité politique pour faire des demandes excessives, ou même dans certains cas font pressions pour ‘rod fer travay fasil’», dénonce le chef de la MBC. Ou alors, «certains membres du staff de la MBC embobinent l’opposition, manipulent le gouvernment et les font devenir les dindons de la farce».

Face à cette situation, doit-il capituler ? «Non, j’ai une institution à gérer, il y a des règles et des règlements». Deux journalistes ont ainsi reçu des lettres d’avertissement récemment. L’une pour avoir refusé de couvrir un événement et l’autre a été rappelé à ordre pour mauvaise conduite.

Quid du manque d’émissions pour débattre sur le fond de sujets sensibles à la télévision nationale ? Il y a, d’une part, un manque d’intérêt que ce soit du côté de l’opposition ou du gouvernement, déclare Ramsurrun. En outre, «le staff n’ose pas aller nager dans ses eaux profondes».

Entretien réalisé le 16 août à Réduit, au siège de la MBC.

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