Lumière sur l’Association des parents de déficients auditifs, qui lance des cours d’initiation à des formations techniques afin d’assurer l’insertion professionnelle des sourds et malentendants. Et sur l’Ecole des sourds, qui travaille sur la mise en ligne de la langue des signes mauricienne.

L’Association des parents de déficients auditifs (APDA) existe depuis 26 ans. Elle gère une école spécialisée qui prend en charge les enfants de 3 ans à 20 ans. Basée à Curepipe, elle compte introduire, dès cette semaine mais aussi l’an prochain, de nouveaux cours pour ses bénéficiaires. Car si l’école que gère l’APDA assure leur instruction au niveau des « core subjects » préconisés par le système éducatif dit mainstream, elle veut cependant aller plus loin en préparant ses élèves aux cours professionnels.

L’association lance officiellement, ce jeudi 29 septembre et en présence de la ministre Dookun-Luchoomun, un projet d’aquaponie. Cela dans le cadre de la Journée mondiale des sourds, célébrée cette année le 24 septembre, et de la Semaine internationale des sourds.

L’aquaponie est une culture hors sol associe l’élevage de poissons (aquaculture) et la culture de plantes dans l’eau (hydroponie). L’école compte aussi se lancer dans l’apiculture l’année prochaine, et compte pour cela sur le soutien du ministère de l’Agro-industrie.

« Les élèves pourront produire eux-mêmes leur nourriture », espère Aneeraw Succaram, directeur de l’APDA. D’où le choix de projets d’agriculture qui « ne nécessitent pas de gros investissements ». « Nous voulons que les enfants puissent les répliquer chez eux », poursuit-il. Mais aussi qu’à travers cela, ils puissent se former à un métier, être autonomes et indépendants dans leurs vies d’adultes. Et ainsi, « trouver un travail ou, à défaut, se lancer dans leur propre business ».

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Un système aquaponique basique (Source : FAO)

Car là où le bât blesse, c’est sur la question de l’insertion professionnelle de ces jeunes. Et de leur formation, explique Aneeraw Succaram. D’où les classes d’initiation à certains métiers – basic electricity, plomberie, cuisine, coiffure… – que compte lancer l’APDA dès 2017. Comme une introduction en douceur avant le grand bain du Mauritius Institute of Training and Development (MITD).

[blocktext align=”right”] NUMEROS UTILES
• Association des parents de déficients auditifs.
Tél.: 676.46.81
• Ecole des sourds / Society for the Welfare of the Deaf.
Tél.: 464.38.34 [/blocktext]

Car si, l’année dernière, 10 jeunes se sont distingués lors des examens finaux au niveau prévocationnel, l’adaptation aux classes dispensées dans les centres du MITD a, en revanche, été plus compliquée. En cause : le manque de ressources adaptés à ces enfants, mais aussi un jargon technique méconnu et donc plus difficile à maîtriser et parfois même à traduire malgré l’aide d’un interprète délégué.

Cette année, 15 élèves de l’APDA désireux d’être serveurs se sont inscrits à l’Ecole hôtelière pour une formation intensive sur 8 semaines. Là encore, des difficultés sont survenues pour ce qui est du contenu des cours. Mais Aneeraw Succaram ne perd pas espoir. L’association, indique son président, cherche d’ailleurs la collaboration du Training and Employment of Disabled Persons Board pour les placer dans des hôtels.

L’association assure aussi la formation à la langue des signes mauricienne. Parent, enseignants, fonctionnaires, grand public… Les cours ont lieu « en permanence », dit Aneeraw Succaram, « et ciblent en priorité ceux qui travaillent avec les sourds ». L’APDA répond ainsi à certaines demandes, comme celles de l’hôtel Lux*, l’année dernière, ou des écoles. Ou, celle, plus récente, d’étudiants de l’université de Maurice qui souhaitent y être initiés.

« Tous nos services, même l’école, sont gratuits », précise le président de l’APDA. L’école accueille 50 enfants et comprend 25 employés (éducateurs, carers, 1 directrice, 1 secrétaire). Elle fonctionne à plein temps, même le week-end, afin de pouvoir apporter le soutien nécessaire. « Surtout aux enfants qui ont été opérés et portent désormais un implant cochléaire. » Un suivi qui nécessite de travailler en même temps avec les parents.

Devenir interprète

Parce qu’il est important que les parents, souvent entendants, soient pleinement impliqués dans l’éducation de leurs enfants, à l’École des sourds de Beau-Bassin, que gère la Society for the Welfare of the Deaf, on travaille également assidûment à la mise en place d’une formation à la langue des signes mauricienne.

Ce projet vient en continuité du lancement officiel du deuxième volume de la Mauritian Sign Language (MSL), qui a vu le jour grâce au soutien de l’Union européenne et de Mauritius Telecom. « La langue des signes sera alors plus accessible », fait remarquer Arrtee Bissoonauthsing, manager de l’association. Qui indique qu’il y a un réel besoin pour des interprètes de la MSL. « Nous en fournissons les services, par exemple, auprès des hôpitaux ou des Cours de justice. »

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Le premier volume consacré à la langue des signes mauricienne a été lancé en 2006 et comprend 1200 mots. (Photo : www.actogether.mu)

Des discussions ont lieu actuellement avec un institut de formation de l’Inde. Si elles sont concluantes, le cours pourrait démarrer l’année prochaine. « Les personnes intéressées peuvent servir d’interprète à temps partiel, dans leur temps libre. »

L’Ecole des sourds poursuit, en parallèle, son projet de vulgarisation du MSL. Les copies du deuxième volume destinées au grand public devraient être disponibles au mois de novembre. Une équipe a aussi été constituée pour travailler sur sa mise en ligne. Elle comprend des enseignants sourds, des interprètes, mais aussi la participation de l’Institut national de jeunes sourds – un organisme francais – et de des représentants de l’Ali Yavar Jung National Institute for the Hearing Handicapped de l’Inde.

L’objectif : que la MSL soit sur le Net, « si tout va bien, d’ici le mois de mars », espère Arrtee Bissoonauthsing.

Photo (www.actogether.mu) : Des cours de langue des signes mauriciennes à l’Ecole des sourds

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