«Il est clair que Thierry Henry et son épouse ont menti», a reconnu le Premier ministre au Parlement aujourd’hui. «Mais est-ce suffisant, pour autant, pour que la police les maintienne en détention ? Je ne le pense pas», a ajouté sir Anerood Jugnauth.

Le Parliamentary Private Secretary (PPS) ainsi que son épouse ont été impliqués dans un accident de la route, à hauteur de Bois-Marchand, dans la nuit du samedi 2 avril au dimanche 3. L’accident a fait une victime : Stephane André, dont le décès a été constaté sur les lieux.

Si le chef du gouvernement maintient qu’il attend les conclusions de l’enquête en cours, il a toutefois été catégorique sur un point : il ne compte pas demander, pour l’heure, à Thierry Henry de démissionner en tant que PPS. «Quand il y aura un ʻcaseʼ, je lui demanderai de ʻstep downʼ», a répliqué SAJ à Paul Bérenger. Celui-ci, qui insistait sur la démission de Thierry Henry «parce qu’il a tué quelqu’un !», a rappelé au Premier ministre ses propos, hier, dans le cas de Vishnu Lutchmeenaraidoo.

Les éléments fournis par la police, a poursuivi le Premier ministre, indiquent que Stephane André, dont les obsèques ont eu lieu hier, a fait preuve de négligence en traversant la route. «Si cela est avéré, je ne vois pas comment Thierry Henry peut être blâmé.»

Une réponse qui a eu le don d’irriter l’opposition, qui n’a pas manqué de relever ce qui s’apparente à une politique de «deux poids, deux mesures», selon Reza Uteem, de la part de la police. Le député MMM a fait ressortir que le gouvernement «a fait des pieds et des mains» pour poursuivre l’ex-Premier ministre pour complot dans toutes sortes d’affaires. Alors que dans le présent cas, a poursuivi le parlementaire, il y a eu mort d’homme et le PPS a menti sur les circonstances de l’accident.

Sur les bancs de la majorité, on n’a pas manqué de relever que l’élu mauve «defann Ramgoolam». Ce à quoi le travailliste Shakeel Mohamed a répliqué, de son siège : «Zot tou pou defann Ramgoolam biento la, parmi zot mem. Ena pe koutchou koutchou dan mo zorey.»

Pour le leader de l’opposition, il est «clair que Thierry Henry et son épouse ont menti». Dans un premier temps, Vicky Henry a déclaré être au volant de la voiture de fonction de son mari au moment de l’accident. Avant de revenir ses aveux, peu après midi ce dimanche. Thierry Henry s’est présenté à la police le même jour, à 16h10, en compagnie de son avocat, en affirmant qu’il conduisait le véhicule.

Paul Bérenger estime ainsi qu’il y a eu, de la part du couple, «conspiracy to pervert the course of justice». Et ne comprend pas pourquoi la police n’a logé que des «minor charges» contre les deux alors qu’elle «voit des complots dans toutes sortes de cas». Boutade de SAJ : «Le leader de l’opposition aurait dû être Chief Justice Officer.» Avant de rajouter que pour établir qu’«il y a eu complot, il faut des preuves». «Où sont les preuves ? L’épouse avait déclaré qu’elle conduisait», a lancé le chef du gouvernement. «Vous ne voulez pas les voir, lui balance Bérenger. Ce genre de réponses est honteux.»

Le leader du MMM le reprend alors sur un détail de sa réponse initiale : le Premier ministre avait déclaré que la police avait des «soupçons à l’effet que l’Honorable Henry aurait pu être le chauffeur», d’où la requête pour passer un alcotest que le PPS a refusé. «Des soupçons sont-ils suffisants pour une arrestation ? Je dis non», rétorque SAJ. Arguant qu’il n’y avait pas de raison, à ce moment-là, pour justifier que le député de Mahébourg/Plaine-Magnien soit appréhendé.

Paul Bérenger insiste, pour sa part, que la police a fait preuve d’un certain laxisme dans cette affaire, permettant à Thierry Henry de s’en sortir sur le coup et de «cuver son vin pendant des heures» avant de se rendre, finalement, au poste de police de Terre-Rouge.

La police a-t-elle vérifié si Vicky Henry était autorisée à conduire la voiture accidentée, qui est propriété de l’Etat ? a encore voulu savoir le leader de l’opposition. «Ça, c’est une autre histoire», a balancé SAJ.

Alan Ganoo s’est, pour sa part, étonné du fait que Thierry et Vicky Henry aient été libérés sous caution. D’autant, dit le président du Mouvement patriotique, que la police a «adopté des mesures pour maintenir en détention des personnes suspectées d’homicide involontaire». Et de citer un cas où une femme a été en cellule pendant 10 jours pour avoir causé mort d’homme alors qu’elle conduisait et n’était pas sous l’influence de l’alcool.

Avançant ne pas connaître les détails de cette affaire, le Premier ministre a réitéré que dans le cas des Henry, «je ne vois pas pourquoi ces personnes devraient être en détention». Et de rappeler que c’est la Cour qui a ordonné leur libération. La réponse fuse immédiatement des bancs de l’opposition : «Parce que la police n’a pas objecté !»

Comme dans l’affaire Dayal, Paul Bérenger s’est ému de la «solidarité» affichée envers Thierry Henry. Estimant déplacée la présence de certains membres de l’Alliance Lepep en Cour de Pamplemousses, hier. «Je n’y étais pas, je ne sais pas», a répondu SAJ. Et quand Bérenger lui demande si des ministres ont rendu visite au PPS durant sa nuit de détention, le Premier ministre se contentera d’un laconique : «Je ne suis pas un Enairy Officer.»

Le Premier ministre a défendu bec et ongles la police, déclarant qu’il n’y avait rien à leur reprocher. Et insisté sur le fait qu’il n’y a pas eu et qu’il n’y aura pas d’ingérence politique dans cette affaire.

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