La baisse de notation à Baa2 reflète l’affaiblissement de la puissance fiscale et économique suite au choc provoqué par la pandémie du coronavirus. La part importante de l’activité économique, les recettes d’exportation et l’emploi dans le domaine touristique et ses secteurs indirects pèsera sur le rythme de la reprise économique. Le profil de crédit de Maurice continue d’être soutenu par un cadre institutionnel solide, qui a permis de soutenir des taux de croissance historiquement élevés et stables, soutient Moody’s. La croissance économique passée a favorisé une augmentation du revenu par habitant, ce qui indique une plus grande capacité de Maurice à absorber les chocs.
Ces perspectives reflètent les risques de détérioration qui se renforcent mutuellement et qui découlent d’une reprise du secteur du tourisme plus lente que ce que prévoit actuellement l’agence Moody’s, avec des retombées sur le reste de l’économie, ce qui exacerberait l’affaiblissement de la solidité budgétaire.
En effet, le plafond par pays en monnaie locale de Maurice a été abaissé de Aa3 à A1. L’écart de quatre crans par rapport à la notation souveraine reflète un cadre juridique et réglementaire relativement favorable qui soutient la prévisibilité des politiques, de faibles vulnérabilités extérieures et un système politique stable, équilibré par une dépendance au tourisme qui représente une source de choc commun pour les émetteurs gouvernementaux et non gouvernementaux du pays.
La reprise économique est fortement dépendante d’un rebond de l’activité touristique. La contribution directe du tourisme au PIB est estimée à 8,2 % du PIB en 2019 et, si l’on inclut la contribution indirecte d’autres industries telles que le transport et l’hébergement et la restauration, à 23 % du PIB. La réponse de la politique budgétaire du gouvernement au choc du coronavirus a été l’une des plus importantes parmi les notes souveraines confirmées par Moody’s. Le gouvernement a élargi les programmes de protection sociale visant à soutenir le revenu des ménages et à minimiser les pertes d’emploi, tout en apportant un soutien aux grandes entreprises et autres commerces touchés par le coronavirus.
Une autre agence de notation, Fitch, a pour sa part procédé à un nombre record de dégradations de notes souveraines – au moins 32 actions de baisse de notation touchant 26 souverains – y compris en poussant deux des plus gros emprunteurs, l’Italie et le Mexique, dans la zone de danger (junk). Plus d’un tiers de ses 118 notes souveraines font encore l’objet d’avertissements de dégradation. S&P a pour sa part procédé à au moins 19 dégradations de notes souveraines et 31 réductions de perspectives (stable-negative), tandis que Moody’s estime que le virus fera grimper la dette des pays les plus riches du monde de près de 20 points de pourcentage en moyenne, soit presque le double des dommages causés par le krach financier.
Moody’s, il faut le noter, a réduit l’Afrique du Sud à de la camelote et l’Italie, l’Inde, la Colombie, le Maroc, la Roumanie, l’Uruguay et le Mexique sont tous au bord du gouffre avec au moins une des principales agences. Un nombre record de quatre souverains ont déjà été classifié de ‘default’ à la suite de la pandémie : l’Argentine, l’Équateur, le Liban et le Surinam. Tous les quatre étaient en difficulté avant que la pandémie ne frappe, mais Fitch prévient que d’autres pays sont en ligne de mire, notamment le Gabon, le Mozambique, la République du Congo et la Zambie sont tous sujets à des inquiétudes potentielles.
Le profil de crédit de Maurice continue toutefois de bénéficier d’un environnement politique et macroéconomique stable, propice à la croissance et à l’attraction des investissements étrangers, soutient Moody’s. Avant le coronavirus, l’économie mauricienne affichait des taux de croissance très stables, de 3,7 % en moyenne entre 2010 et 2019. L’accord de libre-échange récemment conclu avec la Chine et la signature d’un partenariat et d’une coopération économique globale avec l’Inde devraient stimuler les échanges et les investissements avec les deux pays au cours des prochaines années

Facebook Comments