Analyse. Tant pis si toutes les évidences scientifiques manquent ou si certains essais cliniques n’ont même pas commencé : le Royaume-Uni s’est lancé à corps perdu dans une campagne vaccinale historique, brûlant des étapes face à l’urgence sanitaire – l’apparition d’un variant du SARS-CoV-2 entre 50 % et 70 % plus contagieux. Le premier ministre, Boris Johnson, s’est engagé « à utiliser chaque seconde du troisième reconfinement » annoncé en catastrophe, le 4 janvier, pour vacciner 13 millions de personnes d’ici à mi-février. Une stratégie ultra-pragmatique, soutenue par les autorités médicales du pays et suscitant pour l’instant peu de remises en cause nationales : le but est de sauver le plus de vies possible et de réduire la pression sur le NHS, l’hôpital public britannique.

Il faut revenir sur les chiffres pour mieux comprendre le contexte national : le variant du virus « Kent » a été porté à la connaissance du gouvernement « le 18 décembre », a assuré le premier ministre britannique lors d’une conférence de presse, mardi 5 janvier. Depuis Noël, les infections et les hospitalisations ont explosé, surtout à Londres et dans le sud-est de l’Angleterre, où ce mutant circule le plus. Plus de 30 000 malades du Covid-19 étaient hospitalisés au 6 janvier, 30 % de plus que sept jours plus tôt. Mercredi, 62 322 nouveaux cas positifs ont été comptabilisés et 1 041 décès supplémentaires en 24 heures (portant le total des morts à plus de 77 000). Une personne sur 50 était infectée tout début janvier en Angleterre selon l’ONS, l’organisme national des statistiques.

Seule solution pour éviter une saturation du NHS d’ici à fin janvier : la course au vaccin contre le virus, et surtout contre ses mutants. Le Royaume-Uni a été le premier à lancer la campagne vaccinale avec Pfizer-BioNTech, le 8 décembre, et le premier à la démarrer, le 4 janvier, avec le vaccin conçu par l’université d’Oxford et le groupe AstraZeneca. Au 5 janvier, 1,3 million de personnes au Royaume-Uni avaient reçu leur première dose de vaccin, dont 650 000 âgées de plus de 80 ans, soit 23 % de cette classe d’âge.

Source: Lemonde.fr

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