Alors que la 5G commence à peine à être déployée en France, États et industriels sont déjà en ordre de bataille pour ne pas rater le train de la 6G. Après la 4G et la 5G, la 6G devrait être le réseau de l’ultra ultra haut débit. Ses usages sont encore incertains mais des groupes de travail se sont constitués en Europe, en Chine et aux États-Unis pour esquisser leurs contours. À travers ces projets de recherche, chaque camp espère imposer ses technologies et ses fleurons dans les négociations des futurs standards internationaux du réseau.

L’Europe a lancé le 1er janvier le projet Hexa-X. Pilotée par Nokia et Ericsson et soutenue par la Commission européenne, l’initiative rassemble une vingtaine d’entreprises du continent, dont Orange, Atos et le Commissariat à l’énergie atomique pour la France, l’industriel allemand Siemens, les opérateurs espagnol et italien Telefonica et TIM mais aussi l’Américain Intel.

Les travaux d’Hexa-X doivent permettre à l’Europe d’identifier les besoins, les cas d’usages et les technologies de demain pour établir sa vision de la 6G et être à l’avant-garde de l’après-5G. “Alors que la 5G nous a permis de consommer des médias numériques partout et à tout moment, la technologie du futur devrait nous permettre de nous intégrer dans des mondes entièrement virtuels ou numériques”, peut-on lire sur le site du projet.

Le projet européen dresse six axes de développement théoriques pour répondre aux besoins croissants de services de connectivité du futur réseau. La 6G devra offrir une expérience extrême avec des débits pouvant aller à plus de 1.000 gigabits par seconde. Le défi sera aussi de renforcer la fiabilité et la durabilité du réseau, d’améliorer la couverture mondiale des services et d’offrir une plus grande efficacité énergétique pour favoriser la croissance des entreprises et réduire l’empreinte environnementale du numérique. Des arguments déjà présentés comme des progrès nécessaires par les promoteurs de la 5G.

La Chine, la Corée du Sud et les États-Unis déjà dans la course

À travers ces recherches, l’Europe espère ne pas perdre de terrain sur ses concurrents internationaux, la Chine, la Corée du Sud et les États-Unis en tête, qui travaillent déjà sur la 6G après avoir été premiers à lancer la 5G.

Doublés par la Chine dans la 5G, les États-Unis espèrent prendre leur revanche en imposant un leadership américain sur la 6G. La Next G Alliance, un consortium réunissant une vingtaine d’opérateurs télécoms et industriels nord-américains et des acteurs très impliqués sur le marché américain comme Samsung, Ericsson et Nokia, est déjà à pied d’œuvre pour définir une feuille de route pour les prochaines années.

Mais la Chine a déjà pris de l’avance. Des experts issus d’institutions, d’entreprises et d’universités travaillent sur le sujet depuis des années. Le géant chinois des télécoms Huawei a ouvert plusieurs centres de recherche sur la 6G, en France et au Canada notamment, pour étudier les possibilités offertes par cette technologie qui promet d’être accessible “sur terre, la mer, dans l’air et dans l’espace”, aux dires de son PDG, Richard Yu.

Pékin a d’ailleurs réalisé en novembre la mise en orbite d’un premier satellite expérimental 6G afin de tester les bandes de fréquence térahertz (THz) qui seront utilisées par le futur réseau pour transmettre plus rapidement des images depuis l’espace, par exemple, avec des débits 50 à 100 fois plus rapides que ne le permet la 5G.

Doubles numériques et voiture autonome pour tous

Forte de ses leaders industriels, la Corée du Sud se rêve aussi en leader de la 6G. Dans un livre blanc publié cet été, Samsung a détaillé sa vision de la future norme de téléphonie mobile. Le géant coréen évoque des cas d’usage potentiels, comme le streaming vidéo en 16K ou la réalité étendue, mêlant hologrammes et doubles numériques flottant dans l’air ou dans des lunettes connectées, pour offrir une expérience multimédia ultime vraiment immersive.

Les débits accélérés de la 6G permettront de participer à des réunions ou de visiter des lieux à distance grâce à ces jumeaux virtuels, espère la firme coréenne. Samsung prévoit également une généralisation des voitures autonomes auprès du grand public dans la prochaine décennie grâce à la 6G qui permettra d’abaisser à seulement un dixième de seconde le temps de latence des véhicules pour réagir aux obstacles.

Tous les usages de la 6G ne sont pas encore identifiés. Des industriels comme Nokia et Ericsson ont imaginé la fin du clavier numérique, remplacé par la voix et le geste, l’essor de composants électroniques, directement intégrés aux vêtements ou au corps pour augmenter les capacités de l’être humain, la généralisation de la chirurgie à distance et l’avènement des contenus virtuels immersifs et collaboratifs. Comme pour la 5G, les applications de la 6G devraient concerner davantage l’industrie que le grand public. Pas sûr qu’elle ne reçoive un meilleur accueil dans la population.

 

Source: rtl.fr

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