Dix-sept personnes, dont un puissant homme d’affaires et l’ex-patron des services secrets, seront jugées au Cameroun pour le meurtre du journaliste Martinez Zogo, supplicié par un commando des services de renseignement.

Trois agents de la Direction générale des renseignements extérieurs (DGRE) sont inculpés pour assassinat et deux autres pour complicité d’assassinat, dont Justin Danwé, directeur des opérations de la DGRE, qui « n’a pas nié que c’est lui qui a organisé l’opération », selon l’ordonnance.

L’influent homme d’affaires camerounais, Jean-Pierre Amougou Belinga, réputé proche de plusieurs ministres et hauts responsables de l’État, avait été arrêté peu après le meurtre à Yaoundé, soupçonné d’être impliqué.

« Il est renvoyé devant le tribunal pour un motif inventé : complicité de torture », a déclaré à l’AFP Charles Tchoungang, avocat de Jean-Pierre Amougou Belinga.

 

Maxime Léopold Eko Eko, ex-patron de la DGRE, dont le siège était resté vacant plusieurs mois et qui nie toute implication, doit également répondre de « complicité de torture. »

La date du procès n’a pas encore été annoncée.

Enlevé le 17 janvier 2023, devant un poste de gendarmerie dans la banlieue de la capitale Yaoundé, Arsène Salomon Mbani Zogo, dit « Martinez », 50 ans, avait été retrouvé mort cinq jours plus tard. Son corps nu était atrocement mutilé.

Valse des juges

L’assassinat a provoqué un immense choc au Cameroun où M. Zogo était très populaire, contraignant le pouvoir à accepter de mettre sous les verrous des personnalités auparavant intouchables.

Le gouvernement avait rapidement dénoncé un « crime odieux » et annoncé l’arrestation de plusieurs personnes « fortement suspectées » d’être impliquées dans cet assassinat.

Plus d’un an après le meurtre du journaliste, sa dépouille n’a toujours pas été rendue à la famille, dans l’éventualité de nouvelles autopsies selon Elise Domche Woudje, directrice générale de la radio Amplitude FM, où le défunt journaliste officiait.

L’enquête a connu plusieurs rebondissements et une valse de juges d’instruction – militaires, puisque l’affaire est menée par des militaires et sera jugée dans un tribunal de l’armée.

Au mois de décembre 2023, la rumeur de la libération de M. Belinga et M. Eko Eko avait provoqué une forte indignation après qu’une copie de l’ordonnance de leur libération provisoire eût circulé sur les réseaux sociaux.

Le juge d’instruction d’alors, le lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo, avait le lendemain assuré que le document était un faux.

Quelques jours plus tard, il était dessaisi de l’affaire et un nouveau magistrat, le lieutenant-colonel Pierrot Narcisse Nzié, était désigné – le troisième magistrat en un peu moins d’un an.

Source : France 24

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