Les Mauriciens sont généralement conservateurs et optimistes. Ils ont le regard braqué à chaque grand oral du ministre des Finances et attendent des mesures qui peuvent les soulager. Le budget est très suivi, décortiqué, analysé, voire critiqué, chaque année. Alors que certains s’attendaient à un budget d’austérité, il a surpris plus d’un avec notamment de nouveaux secteurs comme la pharmaceutique et l’énergie renouvelable, mais aussi avec les mesures sociales et les diverses incitations pour booster la consommation et l’investissement. La PNQ de ce mercredi 16 juin a été axée sur les Rs 28 milliards accordées par la Banque de Maurice au gouvernement. Selon le leader de l’opposition, ce montant aurait dû être dans la dette, ce qui aurait ramené la dette au PIB à plus de 100 %.

Cependant, ce qui fait débat, c’est le contexte de la Covid qui a causé une contraction de 15 % l’an dernier, résultant ainsi en 18 mois compliqués pour le pays. Les diverses mesures telles que le Wage Assistance Scheme, les moratoires sur les prêts, la baisse du Repo Rate, le Self-Employment Assistance Scheme, entre autres, ont permis aux acteurs économiques de tout bord de souffler. Ainsi, alors que le CovExit s’annonce, surtout que le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une relance de l’économie cette année, le leader de l’opposition s’attarde sur un traitement comptable. Dans ce même sens, Xavier Luc Duval insiste (ce qu’il souhaite en tant qu’expert comptable) pour que ce montant figure en dette et non en tant que grant. Ce qui, comme indiqué plus haut, résulterait en une dette au PIB de plus de 100 %. Ce cas échéant, le pays serait probablement ‘downgraded’ par les agences de notation.

Les réponses du Dr Padayachy au Parlement étaient empreintes d’émotion, surtout quand la situation a été difficile voire exceptionnelle. Selon le ministre des Finances, tous les moyens étaient bons pour traverser cette crise et il a ainsi cité l’économiste Pierre Dinan : « Nous sommes dans une période exceptionnelle, acceptons les mesures exceptionnelles ». Le Black Swan qu’est la Covid a impacté plus d’un à Maurice comme ailleurs. Un marasme économique a frappé le pays et les Mauriciens essaient de s’en sortir, en acceptant la nouvelle normalité malgré les conditions actuelles. Le pourquoi et le comment d’un traitement comptable qui peut davantage nuire au pays, semblent laisser la population sur leur faim.

Mission de la BoM, préserver le système bancaire

Le Grand argentier a été très critique envers le leader de l’opposition, ce mercredi au Parlement. Ce dernier s’est concentré sur les mêmes questions relatives au traitement comptable de l’‘advance’ de Rs 28 milliards de la BoM. Le ministre des Finances a, alors, expliqué que la mission de la BoM est de tout faire pour empêcher l’effondrement du système bancaire et de le préserver. Ce montant a, ainsi, permis à la banque de respecter sa mission. Cette mesure non conventionnelle, a souligné le Dr Padayachy, est courant dans les pays développés. Il s’est félicité d’avoir eu accès à ce montant. Ce qui a permis au gouvernement de ne pas mettre en place des mesures d’austérité. Selon le ministre des Finances, même la Reserve Bank of India (RBI) a utilisé ce moyen pour aider les finances publiques afin de sortir de la crise. Il a, dans la foulée, souligné que les présidents des pays ainsi que les gouverneurs de Banques centrales ont mis en garde les sociétés de notation quant à des ‘downgrades’, qui peuvent créer des ‘Junk Continents’.

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