La France a inscrit les Seychelles sur sa liste noire des paradis fiscaux. Le document a été rendu public le lundi 2 décembre. La raison évoquée est le refus de l’archipel de fournir des informations sur des sociétés d’origine française implantées dans son secteur du global business. Le malheur du voisin ne risque pas de faire notre bonheur, tempèrent toutefois les professionnels du secteur financier. Car les clients basés aux Seychelles ne se tourneront probablement pas vers Maurice.

«Le marché seychellois est différent de celui de Maurice», précise Shahed Hoolash, vice-président de l’Association of Trust & Management Companies (ATMC). Il explique que les clients qui viennent à Maurice ne cherchent pas forcément à mettre en place les mêmes types de structures qu’aux Seychelles et vice versa. Ainsi, pense-t-il, si la décision de la France de blacklister l’archipel fait fuir des investisseurs, ceux-ci se tourneront alors vers d’autres juridictions peu regardantes, en Europe notamment, et non vers Maurice.

Pour Priscilla Pattoo, fondatrice du cabinet G&P Legal spécialisé dans le droit des affaires et les services financiers, l’exode des investisseurs des Seychelles vers Maurice «ne sera pas drastique». Les Seychelles, selon elle, représentent une alternative à Maurice uniquement pour les clients incommodés par la transparence de notre place financière. Car contrairement à l’archipel voisin, «Maurice a adopté une stratégie consistant à être dans les petits papiers de l’Union européenne», ajoute l’avocate. Ce qui désole du coup la juriste, c’est la perception selon laquelle Maurice est un paradis fiscal.

«À ce jour, nous avons fourni des informations sur 55 entreprises enregistrées aux Seychelles sur les 66 demandées, ce qui représente 70 %. Il est regrettable que cela se soit produit maintenant», a déclaré Gérald Darmanin, ministre seychellois du budget, à l’AFP plus tôt cette semaine.

Lors d’une conférence de presse le jeudi 5 décembre, le président des Seychelles, Danny Faure, a indiqué que les lois locales ne permettent pas le partage d’informations avec les autorités françaises. Avant de préciser que pour faire cela, des amendements législatifs seront nécessaires.

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