A peine les vacances parlementaires commencées, les tactiques et stratégies politiques se sont déjà accentuées entre l’alliance gouvernementale et l’opposition parlementaire et extraparlementaire. La période festive devrait s’annoncer comme une campagne de séduction des politiciens auprès de leurs mandants.

Le ministre Bobby Hurreeram lance un défi à l’Espoir, celui de démissionner alors que le leader du MMM Paul Bérenger récuse la demande de Roshi Bhadain, leader du Reform Party. Ce dernier a, en effet, appelé à une démission en bloc de tous les députés de l’opposition. Par ailleurs, le député Patrick Assirvaden affirme que le PTr cherche à reprendre son rôle de locomotive au sein de l’opposition.

Qu’est-ce qui a créé ce chamboulement sur l’échiquier politique ?
Une phrase de Roshi Bhadain à la presse après sa libération sous caution, le 17 décembre, a créé un certain malaise au sein de l’opposition parlementaire. « Lopozision bizin demisione si li kontan lepep. Mo pe demann tou depute lopozision demisione. Pa vinn dir mwa ki pou ena 13 parsiel, pa vinn dir mwa ki zot pou amann konstitision, tousala zes sa… », a martelé Roshi Bhadain devant la cour intermédiaire de Port-Louis. Cette déclaration est soutenue par l’opposition extraparlementaire, notamment Me Rama Valayden et Bruneau Laurette, leader de Linion Sitwayin Morisien. Ils demandent la démission de l’opposition pour provoquer une élection générale.

Bruneau Laurette a, dans un post sur sa page Facebook, lancé aux partis d’opposition au Parlement : « Démissionner zot pas pou démissionner mais lors walk out zot spécialiste et surtout qui même la paye et allocation ». La divergence entre les partis d’opposition parlementaire et extraparlementaire s’accentue.

De son côté, Paul Bérenger a donné la réplique à Roshi Bhadain lors de la conférence de presse de la plateforme l’Espoir, le 18 décembre. Il a déclaré que la question de démission ne se pose pas car il y a, selon lui, une nuance dans la Constitution qui stipule que le gouvernement peut changer des clauses clés avec 75 % des votes mais ne précise pas si ce sont 75 % des 70 députés qui siègent au Parlement ou 75 % des députés présents le jour des votes. Aussi, il explique que le gouvernement peut organiser 13 élections partielles au lieu d’une élection générale.

Roshi Bhadain, quant a lui, se retrouve une fois de plus dans une situation compliquée avec dans sa trousse l’affaire Britam. Ses réactions et sorties publiques continuent à faire pâlir les politiciens chevronnés qu’il qualifiait jadis de « dinosaures ». Ces derniers, d’ailleurs, sont agacés par le leader du Reform Party. Selon les bruits de couloir, ils n’arrivent pas à l’encadrer au sein de leur entente.

Bobby Hurreeram a lancé, hier, un défi à l’opposition comme le demande Roshi Bhadain. « Zot dir zot pre pou diriz le pey, be vini, mo pense se enn test extraordiner ki nou pou ganie. La population, une fois pour toutes, aura l’occasion de dire qui elle soutient », a déclaré Bobby Hurreeram. Quant à Alan Ganoo, leader du Muvman Patriot Morisien, il a déclaré lors d’un point de presse, hier, que c’était la masse silencieuse qui décidera du sort du gouvernement et que les manifestations organisées contre le gouvernement ne sont pas significatives.

Patrick Assirvaden, le président du PTr, ce mardi 21 décembre, a surpris plus d’un en déclarant qu’en 2022, son parti, en tant que parti principal de l’opposition devra être au centre des mouvements et des scénarios possibles en 2022 sur l’échiquier politique. « Le Parti travailliste doit être le leader avec tout le respect que j’ai pour les partis d’opposition. Quand je parle de ‘lead’, je parle au niveau du pays, dans les campagnes qu’il y aura, les mouvements qu’il y aura et aussi au sein du Parlement », a déclaré Patrick Assirvaden. Une déclaration qui résonne parmi la classe politique.

A une question de la presse qui cherche à savoir si le PTr souhaiterait regagner le poste du leader de l’opposition, Patrick Assirvaden a simplement rétorqué que la presse a bien compris ce qu’il a dit et qu’il reviendrait dessus après la période festive. Par cette réponse tout porte à croire que le PTr en tant que parti ayant la majorité au Parlement veut être au-devant dans l’assemblée nationale.

D’ailleurs, une déclaration de l’actuel leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, vient concrétiser de plus belle cette déclaration de Patrick Assirvaden aujourd’hui. Le leader du PMSD a, lundi dernier, déclaré sur les ondes d’une radio privée qu’il y aurait un nouveau Front Bench et plaide pour que chaque parti détienne un poste pour pouvoir interpeller le gouvernement là où il le faut. Sauf que, ce n’est pas à lui de décider cela, car le PMSD a seulement 4 députés au Parlement, en comparaison au PTr, qui a 13 députés et le MMM 9 députés.

Selon des sources, il y aurait eu une réunion entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam la semaine dernière et une décision aurait été prise pour des actions communes avec le PTr comme locomotive. Cela aurait créé un certain malaise dans la plateforme l’Espoir mais qui a vite été balayé sous tapis. Patrick Assirvaden l’a dit, ce mardi, « laissons passer la période festive avant d’en reparler ». En attendant comme dit Marc Dugain dans La Malédiction d’Edgar : « Au poker, regarder le jeu de son adversaire dans le reflet de la vitre contre laquelle il s’est adossé, on dit que c’est tricher. En politique, c’est anticiper ».

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