Les paroles de Kaya ont traversé les années tout en gardant leur authenticité. Le choix d’écrire en créole a également brisé des barrières de langue propres à Maurice. Le développement du seggae, une fusion du reggae jamaïcain et du sega mauricien, a également laissé un héritage important à la culture du pays.

Lors de la commémoration du 20e anniversaire de la mort du chanteur, la Creole Speaking Union (CSU) a organisé une table ronde à la municipalité de Port-Louis pour parler de l’héritage littéraire du seggaeman. Berty Fok, percussionniste du groupe Racinetatane au sein duquel Kaya était chanteur, Emmanuel Richon, conservateur du Blue Penny Museum, Bruno Raya, chanteur, et Marjorie Barbe-Munien, vice-présidente de la CSU, ont animé les discussions.

Marjorie Barbe-Munien explique que les textes de Kaya ont évolué et gagné en maturité au fur et à mesure que le chanteur avançait dans sa carrière musicale. Elle cite, par exemple, «Sime lalimier» qui était d’abord «Sime lamizer» ou «Sant lamour» qui était à l’origine «3e sans».

L’enseignante au collège du Saint-Esprit souligne que cette abilité à vouloir faire évoluer ses écrits font de Kaya un intellectuel. Il n’hésitait pas à se remettre en question, explique-t-elle. Berty Fok, qui a longtemps côtoyé le chanteur penche dans le même sens. Kaya passait beaucoup de temps à lire et à écrire. Il s’inspirait surtout de la Bible et autres livres sacrés, a-t-il fait remarquer.

Emmanuel Richon pense, de son côté, que la contribution de Kaya à la culture musicale reflète une recherche d’identité qui prévaut dans de nombreux pays où les jeunes ont voulu trouver un moyen de s’exprimer. Le conservateur du Blue Penny Museum cite le rock’n’roll des années 1950 et 1960, le reggae de Bob Marley, entre autres. Il met aussi en lumière son refus de se limiter au sega.

Bruno Raya raconte comment Kaya a été une source d’inspiration pour lui et beaucoup d’autres artistes qui ont souhaité lui emboîter le pas après la mort du chanteur en 1999. L’idée de créer le seggae en s’inspirant des rythmiques de la musique occidentale a poussé d’autres artistes à tenter de nouvelles formules musicales. Par la suite, les artistes dont Raya ont également créé le seggae dancehall ou encore le Ragga.

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