Reporters sans frontières a publié, mardi, son rapport annuel sur l’Indice mondial de la liberté de la presse, ce qui a déclenché un certain nombre de discussions sur les réseaux sociaux. Même en analysant les scores historiques, on observe toujours que la tendance de la liberté de la presse a été à la baisse, non seulement pour Maurice mais dans le monde entier. Le rapport réitère cette conclusion, notant qu’il y a eu une détérioration dramatique de la liberté de la presse depuis que la pandémie a déchiré le monde, 73 % des pays du monde ayant de graves problèmes avec la liberté des médias.

Un certain nombre de pays ont utilisé la pandémie comme motif pour bloquer l’accès des journalistes à l’information, aux sources et aux reportages sur le terrain. Certains cas similaires ont aussi été notés à Maurice. Le rapport a révélé que le journalisme était totalement bloqué ou sérieusement entravé dans 73 pays, alors qu’il était limité dans 59 autres.

Les chiffres globaux se sont détériorés de 12 % depuis le lancement du classement en 2013, une partie du problème étant la baisse de confiance dans les journalistes, alimentée par la polarisation politique et la désinformation en ligne. L’Indice mondial de la liberté de la presse est basé sur des questionnaires envoyés à des experts du monde entier, combinés à des données sur les abus et les actes de violence contre les journalistes pour former une image qui inclut le pluralisme, l’indépendance des médias, l’autocensure et d’autres facteurs.

Top 10 des pays de l’Indice mondial de la liberté de la presse 2021 :
1. Norvège 2. Finlande 3. Suède 4. Danemark 5. Costa Rica 6. Pays-Bas 7. Jamaïque 8. Nouvelle-Zélande 9. Portugal 10. Suisse

Les 10 pires pays de l’Indice mondial de la liberté de la presse 2021 :
1. Érythrée 2. Corée du Nord 3.Turkménistan 4. Chine 5. Djibouti 6. Vietnam 7. Iran 8. Syrie 9. Laos 10. Cuba

L’analyse de ‘Reporters sans frontières’ se fait par une évaluation quantitative et qualitative auprès d’un échantillon de professionnels/individus reliés aux médias. Ce modèle d’enquête dite ‘purposive sampling’ de facto ramène des limitations aux conclusions qui en ressortent. Par conséquent ‘Reporters sans frontières’ cite les raisons suivantes pour la performance de cette année :
• Certains journalistes n’ont pas pu assister aux conférences de presse du Premier ministre
• Une radio a écopé d’une interdiction de diffusion de 72 heures
• Une chroniqueuse a été entendue par la police pour avoir posté des contenus en ligne « contrariants » ou « dérangeants »
• Les pressions économiques et la distribution inégale des revenus publicitaires contribuent également à l’autocensure

Entre 2013 et 2021, le meilleur rang a été en 2017-2018 et 2020 avec une 56e place alors que le pire rang été en 2014, avec un 70e rang.

2013: 62; 2014: 70; 2015: 68; 2016: 61 2017: 56; 2018: 56; 2019: 58; 2020: 56; 2021: 61

Maurice, avec un score actuel de 28,74 (sur un score de 28,00 l’année dernière, 0 étant un score parfait), se classe 61e sur 180 pays, en baisse de 5 places par rapport à la 56e place de l’an dernier. L’analyse des données indique une tendance globale à la baisse, le score médian étant passé de 31,05 en 2020 à 31,69 en 2021, ce qui correspond à une détérioration globale de la liberté de la presse de 2,06 %. Des soi-disant analystes ont tendance à ne voir que la partie des données qui les intéresse. Regarder les données sous un angle différent révèle souvent une appréciation plus honnête des résultats, compte tenu des moyens et de la méthode d’obtention des données. La manière dont les données sont recueillies influe souvent sur les résultats qui en découlent.

Il existe de nos jours à Maurice un phénomène qui n’est pas pris en compte par l’étude et qui prend de plus en plus d’ampleur : l’utilisation de la presse pour attaquer indirectement des personnes ou des entreprises, par certains qui ont des liens avec le secteur privé et qui financent également certains groupes d’institutions locales. Alors que lesdits attaquants capitalisent sur leurs relations avec la presse, les journalistes publient aujourd’hui des déclarations sans aucune vérification, mais uniquement sur la base de leurs relations avec les auteurs des fake news. Ils utilisent de prétendus standards journalistiques pour les publier, dans le but de faire du sensationnalisme.

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