Ils seront 136 médecins généralistes – s’ils acceptent tous l’offre qui leur a été faite – à intégrer le service hospitalier. Un recrutement salué par la Medical Health Officers Association (MHOA) car il vient «soulager le fardeau» de ses membres.

Le nombre de nouveaux médecins recrutés est le plus important de ces dernières années, relève le Dr Ballam. «C’est une très bonne chose pour nous», note le médecin. Qui espère que ce type de recrutement se renouvellera. «N’oublions pas que plus de 300 candidats avaient postulé au départ.»

Ils seront déployés dans les hôpitaux régionaux de Pamplemousses, Port-Louis, Flacq, Candos et Rose-Belle en fonction des besoins de ces établissements. En sachant que les urgences des hôpitaux Dr Jeetoo et Victoria sont les plus bondées.

L’arrivée de ces nouvelles recrues, a indiqué le ministère de la Santé dans un communiqué, le 16 mars, «aidera dans une grande mesure» à la mise en place d’un système de rotation aux urgences. Projet sur lequel le ministère planche activement pour une application rapide dans les cinq hôpitaux régionaux de l’île.

Des conditions «inhumaines»

C’est que le plan doit être mis en route dès le 1er avril, indiquent des sources proches du dossier. Soit dans à peine deux semaines. Vieux de plus de dix ans, ce projet n’a jusqu’ici pu voir le jour faute de recrutement adéquat, fait-on comprendre. Ministère et syndicat des médecins généralistes s’accordent toutefois pour dire qu’il est nécessaire.

La rotation permettra, explique-t-on au bâtiment Emmanuel Anquetil, d’améliorer le service et la qualité des soins, de réduire le temps d’attente des patients et ainsi désengorger le service des urgences. Elle permettra aussi de revoir à la baisse les coûts engrangés par les heures supplémentaires, et d’alléger la charge de travail des médecins. Ces derniers cumulent actuellement de longues heures, enchaînant parfois deux quarts aux urgences, selon un interlocuteur au ministère, voire «30 heures», précise le Dr Waseem Ballam.

Un docteur fatigué, explique le président de la MHOA, devient moins efficace, moins performant. Des conditions «inhumaines», poursuit-il, qui peuvent poser des risques pour la santé des patients mais aussi pour la sienne, tout en ayant un impact considérable sur sa vie privée. D’où le fait que la rotation fait partie des revendications de la MHOA «depuis des années».

Le syndicat s’est entretenu avec de hauts cadres du ministère, la semaine dernière, pour discuter des modalités du système de rotation. «Nous sommes d’accord sur de nombreux points», déclare Waseem Ballam. «Il reste à régler quelques détails», peut-être la semaine prochaine, lors d’un deuxième rendez-vous que la MHOA a sollicité.

«Un terrain d’entente»

Y aurait-il désaccord majeur ? Non, réplique le président du syndicat des généralistes. Entre autres points, le syndicat souhaite discuter du nombre de médecins qui fonctionneront selon le système de rotation. Et de l’échéance de sa mise en application, point sur lequel se cristallise «une certaine appréhension des médecins généralistes».

«Le ministère veut que cela prenne effet le 1er avril. Nous souhaitons que la date de mise en place soit repoussée de deux petites semaines», déclare le Dr Ballam. Soit «après la parution du rapport du Pay Research Bureau» (PRB).

Et d’expliquer que ce système représente un «changement drastique» dans les conditions de travail des médecins. Ces derniers, dit-il, veulent prendre connaissance, au préalable, de toutes les conditions qui y seront rattachées. Cela afin d’éviter de possibles «mauvaises surprises» suite au rapport du PRB, souligne Waseem Ballam, mais aussi des couacs qui pourraient survenir avec l’approche «nou koumanse, apre nou gete ki pou ena».

Le président de la MHOA est optimiste quant à l’issue de cette deuxième rencontre. «Le ministère a été à l’écoute la première fois.» Il y a aussi le fait qu’une nette amélioration a été notée dans ses relations avec le syndicat depuis ces «derniers six-sept mois», relève le Dr Ballam. «Je suis confiant que nous trouverons un terrain d’entente.»

Quid des spécialistes ?

Si cette vague de recrutement ne concerne, pour l’heure, que les généralistes, le service de santé public requiert des compétences additionnelles dans certains domaines. «Nous manquons de spécialistes en anesthésie et en gynécologie», fait ressortir le Dr Dushyant Purmanan.

La Public Services Commission a émis, «il n’y a pas si longtemps», un avis de recrutement à ce sujet. «On espère que l’exercice se conclura assez rapidement», indique le secrétaire de la Government Medical and Dental Officers Association.

Il y a bien des médecins qualifiés dans le pays, explique le Dr Purmanan. Mais ils exercent comme généralistes, car pas encore enregistrés comme spécialistes, ou alors sont dans le privé. Il y a aussi le fait qu’actuellement, on recrute pour remplir les «existing vacancies».

Or, pour certaines spécialisations, il faut créer des postes additionnels si l’on veut répondre aux besoins réels, avance le pathologiste. «Nous avons récemment fait une requête en ce sens au ministère», déclaré le Dr Purmanan. Le syndicat a aussi demandé un relevé des postes existants et du nombre de praticiens afin de pouvoir mieux évaluer la situation et initier des discussions avec le ministère.

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