Pas besoin d’aller en cour pour réclamer justice. La filiale sud-africaine de la British American Tobacco (BAT) entend entamer des négociations avec le gouvernement de l’ANC afin qu’il procède à l’annulation de sa décision d’interdire la vente de cigarettes dans le cadre des mesures prises contre la propagation du Covid-19 en Afrique du Sud.

Votée le 23 mars dernier aux côtés de l’interdiction de la vente d’alcool, cette mesure devait être levée la semaine dernière comme annoncé par le président Cyril Ramphosa dans le cadre d’un assouplissement progressif du confinement. La ministre des Coopératives Nkosazana Dlamini-Zuma est cependant intervenue six jours plus tard pour justifier le maintien de l’interdiction, au grand dam des 11 millions de fumeurs.

Ce médecin qui a été ministre de la Santé dans les années 90 soutient que de nombreux sud-africains ont recours au tabac à rouler et utilisent leur salive pour coller leur cigarette… Même si un demi-million de personnes ont signé une pétition pour dénoncer ce qu’elles qualifient de «farce», celle qui a toujours adopté des mesures anti-tabac a indiqué qu’elle ne compte pas faire marche arrière, d’autant que la cigarette peut favoriser la propagation du nouveau coronavirus.

La BAT, qui détient 75% des parts de marché du tabac, avait annoncé un recours en justice en indiquant que cette décision allait favoriser le marché noir, ce qui vaudrait à un manque à gagner d’au moins300 millions de rands en recettes fiscales pour le gouvernement. L’Association indépendante et équitable du tabac (Fita), qui représente les fabricants de cigarettes, a jeté l’éponge après avoir saisi la cour de Gauteng.

«Il n’y a aucun fondement pour soutenir que l’interdiction des cigarettes est liée à la lutte contre le Covid-19», déclare le président du Fita, Sinenhlanhla Mnguni. Le ministre des Finances, Tito Mboweni, a admis qu’il n’était «pas favorable au maintien de l’interdiction». «Mais j’ai perdu l’arbitrage et donc j’ai dû m’aligner», a-t-il fait ressortir.

Le New York Times indique que le marché noir favorise l’émergence de vendeurs de faux paquets de cigarettes. De nouvelles marques sont même apparues dans ce pays qui compte 11 350 cas d’infections et 206 morts.

Photo : SABC

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