L’accompagnement des enfants sur leur développement et leur bien-être durant cette période de confinement est essentiel. Les études publiées depuis l’apparition du coronavirus en Chine à la fin de l’année 2019 ont mis en lumière un certain nombre de préoccupations importantes, notamment concernant la santé mentale de la population et plus particulièrement celle des enfants.

Il n’est pas nécessaire de souligner que l’enfance est une période particulièrement critique de par la fragilité physique et psychique des tous petits. Il est essentiel d’agir rapidement afin d’amenuiser l’impact de l’anxiété et les répercussions qu’une telle situation peut avoir sur leur développement et la construction de leur identité.

Pourquoi devons-nous agir rapidement ?

Source : « The Lancet », publié en ligne le 27 mars 2020

  • Augmentation des risques de troubles psychiques chez les enfants qui seraient séparés de leurs parents (un ou les deux).
  • Les enfants placés en isolation ou en quarantaine pendant une épidémie sont plus enclins à développer des symptômes de stress aigus, des comportements d’évitement et des sentiments de culpabilité (Sprang et.al., 2013). 30% des enfants interrogés dans l’étude correspondent aux critères cliniques d’un syndrome post traumatique (symptômes d’intrusion – souvenirs, rêves récurrents et involontaire des événements, renfermement, troubles de l’humeur, symptômes dissociatifs – se sentir comme déconnecté du monde réel…).
  • Les enfants ayant déjà perdu un ou les deux parents sont fortement à risque pour leur santé mentale avec une augmentation de la probabilité à développer des troubles de l’humeur, des psychoses et des comportements suicidaires à l’âge adulte.

 

L’OMS préconise de s’inspirer de l’expérience de la Chine

  • Le gouvernement chinois a mis en place un certain nombre de stratégies afin de prévenir d’éventuels effets négatifs de cette pandémie sur la santé mentale des enfants se trouvant dans les centres de quarantaine.
  • Disponibilité des infirmières 24/24 dans les quartiers d’isolement où se trouvent les enfants.
  • Des nutritionnistes pour établir un menu équilibré et sain en fonction de l’âge des enfants et de leur état de santé.
  • Les enfants sont autorisés à communiquer avec leurs proches à n’importe quel moment de la journée, afin de réduire leur sentiment d’inquiétude, de solitude et soulager leur détresse psychologique.
  • Soutien de la communauté pour les enfants qui se sont remis du virus et qui se retrouvent seuls car les parents sont toujours en quarantaine ou malheureusement décédés.
  • Ouverture d’une hotline par le ministère des affaires civiles afin de permettre à la population de bénéficier d’un accompagnement thérapeutique et de ce fait améliorer la protection des enfants les plus à risque.

 

La commission nationale de la santé en Chine a publié des consignes et proposé des stratégies d’interventions spécifiques pour les enfants en quarantaines dans les centres d’observations médicaux du pays.

  • Augmenter les temps de communication avec les parents
  • Favoriser l’accès aux informations sur le virus à travers des BDs et des vidéos
  • Constituer des guides pour établir un emploi du temps des activités de la journée
  • Distribuer des petits cadeaux pour les réconforter
  • Orienter les enfants vers des psychologues s’ils en ressentent le besoin

Le suivi des enfants sera également très important après la période de confinement.
Les autorités soulèvent la nécessité de mettre en place des réseaux de professionnels.les – psychiatres, psychologues et chercheurs pour répondre aux besoins la population.
Il sera également essentiel de bien préparer les enseignants pour la reprise des classes. Certains enfants auront probablement des questions et aurons besoin de parler de ce qu’ils ont vécu. Constituer un guide de l’enseignant et organiser le travail de manière à prévoir des temps de parole pour les enfants.

 

Être attentif.ve aux signes/changements de comportements

  • Des pleurs, des cris ou une irritation qui s’accentuent chez les plus jeunes
  • Régressions – retour à des comportements déjà acquis plus tôt dans le développement (ex : le retour du pipi au lit)
  • Un excès d’inquiétude ou de tristesse
  • Tendance à manger moins sainement ou changement dans les habitudes de sommeil
  • Agressivité, colère, irritabilité chez les adolescents
  • Difficulté d’attention et de concentration
  • Baisse des performances académiques
  • Perte d’intérêts pour les activités appréciées auparavant
  • Mal de tête ou autres douleurs inexpliquées
  • Consommation d’alcool, de tabac ou de drogues

 

Occuper les enfants pour pallier leur souffrance psychique

Lorsqu’ils ne sont pas à l’école pendant les weekends ou les vacances scolaires, les enfants sont moins actifs physiquement, passent plus de temps sur les écrans, entretiennent des rythmes de sommeils irréguliers et mangent moins de repas sains et équilibrés (« Correspondence » publié le 4 mars 2020).

Les autorités devraient mettre en place des moyens pour que les enfants puissent continuer à suivre le cursus éducatif à distance. (Processus enclenché par le ministère de l’éducation depuis le 1er Avril)

  • Entretenir l’engouement et la motivation des enfants à travers des vidéos sur le fait d’adopter un style de vie sain à la maison en faisant des activités physiques variées, en prenant des repas équilibrés, en se couchant à des heures raisonnables et en respectant une bonne hygiène.
  • La communauté peut se rendre utile pour soutenir les familles qui sont dans le besoin et aider les enfants dans leurs apprentissages scolaires. Les travailleurs sociaux, les groupes de soutiens aux familles, les communautés religieuses… peuvent être d’une aide précieuse pour soutenir les familles dans le besoin et leur rendre accessibles les soins et services qui sont mis à disposition en ligne.
  • Les écoles ont un rôle déterminant en offrant les outils éducatifs requis à leurs élèves et en leur permettant de rester en lien avec leurs enseignants.
  • Outiller, aider et soutenir les parents car ils servent de «role model» pour leurs enfants. En utilisant les bonnes approches parentales, les liens familiaux et les besoins psychiques de l’enfant peuvent s’en retrouver davantage renforcé durant cette période.

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Ce que nous pouvons faire pour être un soutien pour notre enfant pendant la pandémie :

Prendre le temps pour parler avec l’enfant ou l’adolescent de l’épidémie du COVID-19. Répondre à ses questions en partageant les faits sur le COVID-19 d’une manière qu’il pourra comprendre, avec des mots adaptés à son âge.

  • Rassurer votre enfant en lui disant que vous êtes en sécurité. Laissez-leur savoir que c’est «ok» de se sentir mal, bizarre, d’avoir peur, d’être en colère… Partagez avec lui ce que vous ressentez, comment vous faites pour gérer votre stress de manière à ce qu’ils puissent apprendre de vous.
  • Dans la situation où vous ne vous sentez pas en sécurité, il est important de dire la vérité à votre enfant. Partagez avec lui ce que vous ressentez et proposez-lui de trouver, ensemble, une solution.
  • Limitez l’exposition aux informations sur la propagation du virus, ceci incluant les réseaux sociaux. Les enfants peuvent mal interpréter ce qu’ils entendent et être effrayé par quelque chose qu’ils ne comprennent pas.
  • Essayez de garder des routines régulières. Prévoyez de faire un planning des activités académiques, de relaxations ou ludiques ensemble avec votre enfant.
  • Soyez un modèle pour lui. Faites des pauses, dormez bien, faites de l’exercice et mangez bien. Restez connecté à vos amis et membres de votre famille.

 

Julien Quenette
Dr en Psychologie du Développement
Membre de la Société des professionnels en Psychologie (SPP)

 

 

Références:
Ho, C. S., Chee, C. Y., & Ho, R. C. (2020). Mental Health Strategies to Combat the Psychological Impact of COVID-19 Beyond Paranoia and Panic. Annals of the Academy of Medicine, Singapore, 49(1), 1-3.

Liu, J. J., Bao, Y., Huang, X., Shi, J., & Lu, L. (2020). Mental health considerations for children quarantined because of COVID-19. The Lancet Child & Adolescent Health, S2352464220300961. https://doi.org/10.1016/S2352-4642(20)30096-1

Sprang, G., & Silman, M. (2013). Posttraumatic Stress Disorder in Parents and Youth After Health-Related Disasters. Disaster Medicine and Public Health Preparedness, 7(1), 105-110. https://doi.org/10.1017/dmp.2013.22

Wang, G., Zhang, Y., Zhao, J., Zhang, J., & Jiang, F. (2020). Mitigate the effects of home confinement on children during the COVID-19 outbreak. The Lancet, 395(10228), 945-947. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30547-X

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