Une immense agitation règne depuis deux jours sur certains groupes des Mums sur Facebook, où hommes et femmes réagissent à la publication d’un article du Mauricien mentionnant des accusations de pédophilie.

Parmi quelques réactions d’utilisateurs, heureusement minoritaires :

– Une parle de « lynchage médiatique et populaire » : est-ce car la photo de ce présumé agresseur est sur cet article ? Ou est-ce parce que plusieurs personnes ont réagi,  à juste titre, pour dire qu’il était important d’informer la population à cet effet ?

– Une autre parle du fait que les pédophiles ont une famille. Et qu’ils souffrent.

Quid des nombreuses personnes qui ont été victimes quand elles étaient enfants ou jeunes adolescentes ?

Faut-il faire l’impasse sur leur souffrance ? Ou la minimiser ?

Les pédophiles, hommes et femmes, sont des êtres humains, certes. Ils sont aimables. Peut-être. Cela n’empêche pas que leurs actes sont odieux et condamnables ! Et que les conséquences de toute forme d’abus sexuel sont extrêmement graves ! A court et long terme.

Outre les conséquences psychologiques précédemment mentionnées, les conséquences physiques et sur la vie sexuelle sont lourdes et douloureuses.

Quelques-unes sur la vie sexuelle des personnes victimes seront présentées mais la liste est infiniment plus exhaustive.

Peuvent être observés :

  • Une masturbation excessive souvent publique chez les enfants (normale seulement chez un enfant de 2 ou 3 ans car cela fait partie de son développement). Cette masturbation excessive peut se poursuivre à l’âge adulte.
  • Un comportement sexualisé à l’égard des personnes ou objets.
  • Des thèmes sexuels dans les dessins, histoires racontées ou langage.
  • Chez les enfants, on peut observer un refus de se laisser toucher ou une demande de stimulation sexuelle. Par exemple : un enfant qui se frotte contre la jambe d’un adulte, contre l’angle d’une table, pour avoir du plaisir. Ce qui est normal vu que dans certains cas, l’enfant victime peut avoir ressenti du plaisir sexuel. Et que l’agresseur lui dit qu’il le fait car il l’aime et que ce type d’actes est normal.
  • Une  connaissance inadaptée de la sexualité adulte pour l’âge de la victime et une imitation de la sexualité adulte. Exemple : un enfant qui mange une banane mimant une fellation ou passant la serpillère entre ses jambes.
  • Dans certains cas, les enfants victimes agressent sexuellement d’autres enfants. Chez les enfants, ces agressions sexuelles sont souvent effectuées car les enfants victimes ont du mal à mettre en mots ce qui leur arrive. Ils le mettent donc en acte. Ce sont des mimes comportementaux.
  • Les agressions sexuelles peuvent aussi être commises à l’adolescence et à l’âge adulte si la personne victime n’est pas correctement aidée. Si on ne lui dit pas que ces actes d’agression sexuelle subis ne sont pas normaux. Que ces actes sont graves. Que tout enfant doit être protégé de toute agression sexuelle.
  • Un comportement sexuel à risque à l’adolescence et à l’âge adulte (Raj 2000).
  • Entre 76 % et 90 % des femmes et des hommes prostitués ont des antécédents d’agressions sexuelles pendant leur enfance, notamment d’inceste. (Hill, Kathryn, 1992).
  • Des conduites inadaptées de voyeurisme et d’exhibitionnisme à l’adolescence.
  • Parfois, des difficultés à vivre une sexualité épanouie à l’âge adulte : frigidité, besoin constant de sexe ou refus de sexualité. Pour 77 % des victimes d’inceste, impossibilité d’avoir un rapport sexuel (IPSOS AIVI 2010).

Roland Coutanceau est psychiatre et travaille avec les agresseurs sexuels depuis des années. Il écrit en 2013 : « quand on décide de passer à l’acte, c’est toujours un choix. »

Agresser un adulte ou un enfant, c’est toujours s’abandonner à son désir, à son fantasme.

C’est donc être immature : « Je suis trop faible pour résister quand je suis excité », et égocentrique : « J’en ai envie, je ne pense pas trop à l’autre et je le fais ».

Un pédophile (homme ou femme) en liberté est une menace pour tous les enfants des environs.

Et ce, dans tous les milieux sociaux.

Aucun enfant n’est à l’abri.

Nous devons tous être vigilants. Nous informer et informer notre entourage sur la gravité des abus sexuels et de leurs conséquences.

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