La cherté de la vie, un coup de massue pour de nombreuses familles se trouvant au bas de l’échelle. La perte d’emploi et les effets de la Covid-19 y ont largement contribué. Malgré cela, elles luttent contre vents et marées pour tenir la tête hors de l’eau. Bien que le gouvernement ait redoublé d’efforts pour réduire les poches de pauvreté, à l’aube de l’année 2022, des familles peinent à subvenir aux besoins de leurs enfants.

 

A l’instar de Marie-Jane, une habitante de Goodlands, qui ne cache pas son amertume. Elle qui travaillait dans le secteur de l’hôtellerie se retrouve aujourd’hui au chômage forcé. « Je ne suis pas paresseuse et je veux travailler. Nuit et jour je fais de mon possible pour soutenir mon foyer. La vie est très chère maintenant. De simples aliments de base ont connu une véritable flambée des prix. Malgré les subventions, les salaires n’augmentent pas et de jour en jour, tout devient plus difficile », se désole-t-elle. Suzelle, une bénéficiaire d’une association, abonde dans le même sens. L’année 2022 est pour elle synonyme de soucis. « La Covid-19 n’a pas fini de nous surprendre. Nous vivons la peur au ventre. On ne sait pas ce que demain nous réserve. Pour être franche, chaque jour, les pauvres deviennent plus pauvres et les aides ne suffisent pas. Nou manz pou zordi, demin nou gete. »

 

Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), constate que la pandémie de la Covid-19 a non seulement appauvri certains ménages mais a aussi créé une crise au niveau de la consommation. Ce dernier est catégorique. « Il est grand temps que cesse le libéralisme économique qui règne actuellement. Le gouvernement doit avoir un regard sur ceux qui pratiquent le ‘profit exagéré’. Il n’y a aucun contrôle et les autorités n’assument pas leurs responsabilités et c’est le petit consommateur qui en paie les conséquences », affirme Jayen Chellum. Ce dernier est d’avis que l’an 2022 démarre avec de mauvaises ondes, car il y a un sentiment d’insécurité. La perte d’emploi et les tensions familiales sont, dit-il, monnaie courante et la génération qui est appelée à grandir dans cette situation, portera forcément des séquelles.

 

« Malgré le Wage Assistance Scheme et d’autres subventions pour empêcher une flambée de prix, certaines familles n’ont pas pu manger comme il se doit. Avec la dépréciation de la roupie ainsi que l’inflation, tout coûtera cher. » Tel est le constat du secrétaire général de l’ACIM. Et d’ajouter : « Il ne faut pas oublier que certaines compagnies se sont enrichies sur le dos des consommateurs. Le profit exagéré est une pratique qui ne cesse de perdurer. La Covid-19 a non seulement rendu les pauvres plus pauvres mais elle a aussi rendu les riches plus riches. Cette disparité apporte ainsi un malaise. Ceux qui avaient des projets ont été déçus avec la soudaine montée du prix du ciment. »

 

Les travailleurs sociaux, qui sont sur le terrain, partagent le même avis. L’imam Arshad Joomun, responsable de M-Kids, pense qu’il devrait y avoir des ateliers d’écoute afin de mieux comprendre les doléances de ceux au bas de l’échelle. « Il y a beaucoup de problèmes, que ce soit en termes d’éducation ou dans le milieu familial. Ces familles au bas de l’échelle vivent dans un stress constant car elles ne sont sûres de rien et elles ont aussi le sentiment de ne pas être écoutées. Elles sont complètement délaissées. Cela a un effet néfaste sur le plan psychologique », avance Arshad Joomun.

 

L’imam Arshad Joomun espère que les députés du gouvernement et de l’opposition proposeront des cellules d’écoute non seulement pour soulager ces personnes mais aussi aider les ONG. « Il est grand temps que le Premier ministre recadre ses ministres et autres élus. Le peuple souffre. L’heure n’est pas à la division. Il faut trouver des solutions pour aider ceux au bas de l’échelle. Il faut briser la tendance. Les pauvres deviennent plus pauvres alors que d’autres profitent de la situation pour se remplir les poches. Cela doit changer », soutient ce dernier.

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