C’est davantage à une audition préparatoire à laquelle Kailash Trilochun s’est livrée de bonne grâce devant la commission anticorruption. Au témoin, Paul Lam Shang Leen explique les raisons pour lesquelles il a été convoqué. Notamment ses visites à des condamnés.

L’avocat explique qu’il lui faudra du temps pour contacter l’administration pénitentiaire afin d’obtenir le relevé de ses visites. Mais le président de la commission l’interrompt. Tous les relevés sont déjà en possession de la commission.

L’ancien juge énumère les visites, au nombre de 13. Elles ont commencé en février 2009 et se sont poursuivies jusqu’en janvier 2011. L’avocat a profité de ses visites pour rencontrer plusieurs clients, souvent une dizaine. Parfois 25, comme en août 2010. Voire 41, le 11 octobre 2009. En une occasion, il était même accompagné d’un Queen’s Counsel, dont le président de la commission tait toutefois le nom. Avant de noter que c’est surtout à des personnes condamnées ou impliquées dans le trafic de drogue à qui Trilochun a rendu visite.

Lam Shang Leen note toutefois que l’avocat ne représentait pas certains de ces détenus. Quelques-uns avaient ainsi retenu les services de Roubina Jadoo-Jaunbocus ou encore Sanjeev Teeluckdharry. Le témoin confirme, puisqu’il travaillait «closely» avec Roubina Jadoo-Jaunbocus notamment, il est arrivé qu’il rencontre les clients de celle-ci.

Puis, à partir de 2014, le président de la commission note que le témoin a cessé de fréquenter la prison. «Because I moved to other things», explique Trilochun. «To more profitable things…», ironise l’ancien juge. Le témoin rit de bon cœur.

L’ambiance n’est pas à la confrontation. D’un ton posé, le président de la commission précise que Trilochun devra expliquer comment il a été payé, produire ses VAT returns. Mais aussi dire pourquoi il a visité des trafiquants connus comme Siddick Islam ou Peroomal Veeren, alors qu’il ne représentait pas ce dernier. «Of course I will explain», rassure le témoin.

Des explications seront aussi nécessaires au sujet de ses comptes en banque. Ils sont nombreux et «very difficult to analyse», avance l’ancien juge. «Quel compte ?» cherche à savoir le témoin. Il y en a tellement, souffle Lam Shang Leen en évoquant notamment ses quatre comptes de prêts bancaires. «I have an explanation for all that», avance à nouveau l’avocat.

Et les dépôts de chèques sans précision du nom de la personne qui les a tirés ? poursuit le président de la commission. De quelle période parle-t-on? questionne le témoin. «When you were dealing with drug traffickers. Because if it’s drug money…» Lam Shang Leen n’a pas le temps de terminer sa phrase. «…I will be in trouble», sourit Trilochun. «Yes!» confirme l’ancien juge.

Celui-ci s’intéresse désormais aux communications de Trilochun avec la prison à travers son portable. Il n’y en a pas, note le président de la commission. L’avocat assure qu’il n’utilise pas de portable depuis deux ans. «So how were you contacted?» Le témoin précise qu’il s’expliquera aussi sur la question.

L’audition se termine comme elle avait commencé, sur un ton apaisé. Le témoin se plaint du temps qu’il lui prendra pour obtenir tous ses relevés d’imposition à la Mauritius Revenue Authority et donne ses disponibilités pour une nouvelle comparution. Finalement, Lam Shang Leen lui demande de le faire savoir dès qu’il obtient les documents demandés à la MRA. Afin de caler une audition «some time in January».

L’avocat se retire. Il est désormais au tour de Sabiir Gungapersad, le chauffeur de Raouf Gulbul durant la campagne électorale de 2014, de déposer.

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