Il sera dès ce soir sous les feux des projecteurs. A peine débarqué à Vancouver, Samuel Yeung n’aura pas le temps de souffler. Car si sa collection est prête à prendre d’assaut le catwalk dressé dans le quartier chinois de cette ville canadienne, il lui faudra toutefois mettre les bouchées doubles pour que tout soit fin prêt pour le défilé qui l’attend lors de la Fashion Week qui s’y tient, cette semaine.

Les enjeux sont considérables. Premier Mauricien à être sélectionné, le jeune styliste figure parmi la centaine de designers, originaires d’une vingtaine de pays, qui présenteront leurs collections automne/hiver 2016 lors de cet événement bisannuel. Si elle n’a, certes, pas encore l’envergure d’une semaine de la mode à Paris, Milan ou New York, la Vancouver Fashion Week s’affirme toutefois comme l’un des rendez-vous incontournables de la mode en Amérique du Nord. Dont le but avoué est d’aider les jeunes talents à toucher un marché international.

Lancés en 2001 par Jamal Abdourahman, la Vancouver Fashion Week en est à sa 26saison et rassemble, au carrefour de l’Asie et de l’Europe, des designers du monde entier triés sur le volet. Talents confirmés ou émergents, qu’ils soient Canadiens ou d’autres nationalités, ce qui compte, c’est «la créativité et le design, la fraîcheur et la passion», affirmait récemment Jamal Abdourahman dans un entretien à Audrey Magazine.

Au Centre culturel chinois de Vancouver, au cœur de Chinatown, Samuel Yeung a donc du pain sur la planche. Les tenues sont prêtes depuis son départ de Maurice, en fin de semaine dernière. Le jeune designer s’est aussi lancé dans la création de sacs en maroquinerie. Pour le reste des accessoires – chaussures, bijoux –, une partie sera d’origine mauricienne et le reste déniché à Vancouver.

Ses mannequins, Samuel Yeung a pu les choisir grâce aux photos que lui a envoyées l’équipe de la Vancouver Fashion Week. Il communique aussi, grâce à l’Internet, avec les maquilleurs et coiffeurs qui l’aideront à sublimer sa collection. Les tons, le style, les coupes… tout a été passé en revue avant son départ pour le Grand Nord canadien. Même les musiques et l’ambiance souhaitées, avec l’équipe technique.

Lui qui aime habiller les femmes explose sur la scène mode mauricienne, il y a quelques années. Le diplômé du Central Martins College of Art and Design et du London College of Fashion a eu l’occasion de travailler avec de grands créateurs à la London Fashion Week.

Au bout d’une dizaine d’années de rencontres et d’expériences, il lance sa marque à son nom. Et en fait la présentation lors de salons de la mode à l’étranger. C’est comme cela qu’il décroche son premier revendeur à Singapour, puis deux autres à Dubaï et en Russie. C’est d’ailleurs après une présentation en Russie en 2013-2014 que Samuel Yeung se fait repérer par l’équipe de la Vancouver Fashion Week… sur le site d’un bloggeur. Il soumet son dossier, celui-ci est étudié par plusieurs créateurs à travers le monde, et Samuel Yeung retenu pour la saison automne/hiver 2016.

Collection Samuel Yeung

Le travail de Samuel Yeung a été repéré suite à une présentation de sa collection en Russie.

Le jeune homme s’est fait discret sur la scène locale depuis fin 2014. Ses tenues revisitant le travail pictural de Jean Claude Baissac avaient, en 2013, beaucoup marqué les esprits. C’est justement avec une collection inspirée des œuvres de ce peintre et sculpteur mauricien que Samuel Yeung veut, aujourd’hui, conquérir Vancouver et, qui sait ? le monde. La collection se décline, cette fois encore, en imprimé sur de la soie, par des coupes peu conventionnelles et des couleurs vives.

Pourquoi Baissac ? Son caractère et sa façon de penser l’attirent, explique Samuel Yeung. Et son regard sur le monde, poursuit le jeune designer, se rapproche de la sienne.

Collection Samuel Yeung

L’une des pièces de la collection qui sera présentée à Vancouver, cette semaine.

Tout excité à l’idée de cette semaine de la mode, il reste toutefois conscient des défis qui l’attendent. Et de la somme de travail qui lui reste à faire pour mettre en valeur les pièces de sa collection. Car parmi le public de fashionistos et fashionistas, on retrouvera aussi des acheteurs potentiels ainsi que des médias du Canada et d’ailleurs.

Le plus important toutefois, affirme Samuel Yeung, est de partager le même état d’esprit et de pouvoir travailler dans la même direction, que ce soit à Maurice ou à Vancouver. Mais aussi d’avoir un respect mutuel les uns envers les autres avec ses camarades d’horizons divers durant cette semaine.

Ce soir à Vancouver, Samuel Yeung fera son grand début lors de la soirée d’ouverture, pendant laquelle chaque créateur devra se présenter. Il a jusqu’au 20 mars pour profiter à fond de cette semaine. Pour faire connaître sa collection au plus grand nombre. Et la faire rayonner sur la scène internationale.

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