Avec 27 % de femmes entrepreneures, l’Afrique subsaharienne dresse un tableau idyllique sur le papier : le continent a réussi là où d’autres nations ont échoué. Un pays, le Ghana, est d’ailleurs en tête, avec 46 % de sa population féminine à la tête d’une entreprise (chiffres de Global Entrepreneurship Monitor). Néanmoins, la réalité est tout autre lorsque l’on sait ce qui se passe sous la surface. Il reste encore du chemin à faire et il est grand temps d’inverser la tendance, sous peine de rater le coche économiquement et socialement.

Des chiffres qui en disent long

Selon Pew Research Center, en Afrique subsaharienne, au moins 40 % de la main-d’œuvre est féminine. Dans le même temps, 74 % des emplois non agricoles des femmes sont informels, contre 61 % chez les hommes. Selon McKinsey, dans le secteur privé, les femmes africaines occupent 23 % des postes dans les comités de direction contre seulement 5 % pour les postes de PDG.

Les professionnelles africaines, créatrices d’opportunités économiques et sociales. Les talents et entrepreneurs féminins en Afrique détiennent-ils l’avenir économique et social du continent entre leurs mains ? Indubitablement, si l’on en croit un rapport de McKinsey, selon lequel l’économie féminine représente le plus grand marché émergent, avec la possibilité de contribuer à hauteur de 12 milliards de dollars au PIB mondial d’ici 2025. Donc, oui, elles ont ce pouvoir, mais les faits démontrent qu’il reste encore beaucoup à accomplir. Discrimination, manque de capital, pratiques commerciales inégalitaires, absence de garanties, les obstacles sont encore nombreux.

Certes il existe des initiatives et des solutions en leur faveur, mais il faudrait qu’elles puissent être applicables à grande échelle, ce qui n’est pas le cas actuellement. L’une des clés pour éliminer durablement ces inégalités est l’investissement, par exemple, à travers une plus grande accessibilité aux prêts sans besoin de garanties (généralement fondés sur des actifs immobiliers en Afrique).

Investir dans les talents et les entrepreneurs féminins en Afrique : une valeur sûre

C’est un fait, cette population de professionnelles en particulier peut devenir la source de rendements attrayants pour les investisseurs. Donc, sans être un effet de mode, l’investissement dans cette catégorie peut rapidement se transformer en une opportunité commerciale concrète et solide avec des rendements compétitifs. Prenons l’exemple du secteur du digital, en plein développement en Afrique et dans lequel les femmes excellent, allant dans certains cas jusqu’à surpasser leurs homologues masculins. Néanmoins, les autres secteurs ne sont pas en reste, comme le tourisme. Autre facteur à prendre en considération, la capacité de ces talents à analyser plus longuement les risques, tout en ayant une approche stratégique basée sur les réalités financières et socioculturelles qui les entourent.

Une pléthore de secteurs qui méritent l’intérêt des investisseurs !

Bien entendu, les professionnelles africaines des secteurs technologies accueillent les investisseurs à bras ouverts, d’autant plus que la pandémie de Covid-19 est passée par là. D’ailleurs, selon un récent rapport émis par Briter Bridges, les startups dirigées par des femmes africaines n’ont pu lever que 3,2 % du total au cours du premier trimestre 2020, contre 5,7 % à la même période en 2019. Toutefois, il ne faut pas à aller voir un peu plus loin aussi bien géographiquement qu’au niveau des spécialités. Fabrication, beauté, bien-être, services, éducation, tourisme, production alimentaire : les talents sont partout et apportent suffisamment de diversité pour représenter un potentiel extraordinaire.

Combattre l’inégalité entrepreneuriale grâce à l’investissement

Aujourd’hui encore, les entrepreneures et talents féminins en Afrique peinent à obtenir les financements nécessaires, un paradoxe devant leur population pourtant élevée dans la partie subsaharienne du continent. Ainsi, la Banque africaine de développement (BAD) annonce que les talents et entrepreneurs féminins en Afrique ont besoin de 42 milliards de dollars américains en financement. Résilientes et compétitives, cela n’empêche pas l’entrepreneuriat féminin et le nombre de talents de continuer à rapidement en Afrique Subsaharienne. Malgré la culture patriarcale ambiante, contre toute attente, elles se lancent et mettent à contribution leur potentiel dans des secteurs prometteurs, qui ne demandent pas de survivre, mais d’évoluer, d’apporter une valeur ajoutée à leur économie nationale respective. Les investisseurs doivent prendre le temps de contourner les clichés et percevoir les opportunités financières que ces professionnelles représentent !

 

Contributeur : Nicolas Goldstein
Co-fondateur de www.talenteum.africa

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