Visite avec le ministre Ivan Collendavelloo à la ferme photovoltaïque du Super U de Flacq, en 2015

Un «grant» de Rs 100 000 aux propriétaires de taxi ; collecte et tri des déchets organiques ; une politique de biomasse et accroître la production d’énergie à partir de la bagasse à travers des incitations aux petits planteurs ; l’installation généralisée d’infrastructures solaires ; de nouvelles technologies en matière d’énergies renouvelables. Quel lien y a-t-il entre toutes ces mesures du manifeste électoral du nouveau gouvernement ?

Toutes impactent directement sur la demande et la fourniture en énergie. Toutefois, elles relèvent actuellement de différents ministères allant du Transport et des Infrastructures publiques à celui de l’Innovation et de la Technologie en passant par ceux des Collectivités locales et de l’Agriculture. Il est à craindre que la mise-en-œuvre ne soit nullement facilitée par la fragmentation de ces mesures et que le ministère de l’Energie et des Services publics ne soit nullement l’instance qui puisse superviser la prompte et efficace application de ces mesures.

Pour preuve, l’Energy Efficiency Code qui doit réglementer la sobriété énergétique dans les bâtiments reste toujours lettre morte avec, comme conséquence, des constructions énergivores qui dépendent significativement de la climatisation qui, elle-même, n’est pas sujette à des normes. Certains se rappellent d’un conflit qui opposait, à l’époque, le Central Electricity Board (CEB) à l’Energy Efficiency Management Office (EEMO), le premier ayant intérêt à augmenter la demande contrairement à ce dernier dont le but est sa maîtrise. Le Master Plan de l’EEMO est aujourd’hui caduque alors que la feuille de route sur les énergies renouvelables, publiée il y a, peu attend d’être débattue au niveau national. A l’heure où la question de l’énergie est liée intrinsèquement à la menace globale du changement climatique, une approche systémique de notre gouvernance énergétique est nécessaire si nous voulons adhérer à nos engagements selon l’accord de Paris de réduction de 30% de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Pour ces raisons, il serait opportun de créer un ministère de la Transition énergétique qui aurait comme mission d’assurer une transformation structurelle des modes de production et de consommation de l’énergie. Il est impératif de passer d’un système énergétique dépendant des énergies fossiles importées à un nouveau système axé sur les ressources locales propres tout en assurant une saine gestion de la demande par les économies d’énergie et l’efficacité énergétique.

Faire de la transition énergétique le centre de gravité de notre gouvernance dans ce domaine donnera aussi aux institutions comme le CEB, l’EEMO mais aussi l’Utility Regulatory Authority, la Mauritius Renewable Energy Agency, voire d’autres instances comme le futur National Biomass Framework, l’espace dont elles ont besoin pour opérer sans interférence. Une loi-cadre sur la transition énergétique définira l’orientation du ministère de la Transition énergétique, comme celle qui préconise la neutralité carbone d’ici 2050 en France.

Conséquemment, nous assurerons plus de cohérence dans l’ensemble des politiques liées au management de l’énergie. Par exemple, le «grant» de Rs 100 000 susmentionné facilitera l’introduction de véhicules hybrides et électriques, et non l’importation de plus de carburant fossiles ; le tri des déchets ne sera pas sacrifié afin d’utiliser la valeur calorifique des déchets pour la production électrique ; la promotion des biomasses incluant la bagasse se fera dans l’équité ; les panneaux photovoltaïques n’alimenteront pas uniquement le réseau mais aussi directement des consommateurs de proximité à travers des «smart micro-grids» et fourniront de l’électricité aux bus et autres véhicules électriques ; les énergies des océans seront utilisées dans le respect des écosystèmes marins.

Un ministère de la Transition énergétique veillera aussi, par exemple, à ce que les dix parcs de 20 arpents chacun et la création de trois nouvelles forêts tout comme la construction de routes, les lignes de Metro Express et les infrastructures s’accompagnent de pistes cyclables où les vélos électriques permettront une mobilité entre différents lieux en toute sécurité. Également, ce ministère se consacrera à la promotion des biocarburants, y compris l’éthanol local, fort des priorités élaborées sous la loi-cadre sur la transition énergétique. Il aura aussi un rôle majeur à promouvoir la recherche et l’innovation dans le secteur énergétique, particulièrement concernant les sources marines. Il est évident que le gouvernement aura raison de revoir aussi son engagement concernant l’introduction du gaz naturel liquéfié à la lumière d’un débat national sur la question. D’autres opportunités en ligne avec une économie verte existent qui méritent davantage notre attention.

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