Le président Andry Rajoelina est affirmatif. Madagascar a élaboré un remède, qui plus est traditionnel, contre le Covid-19. Baptisé «Covid-Organics» ou «CVO», il est composé d’artémisia et d’autres plantes médicinales utilisées dans la Grande île.

Le chef d’Etat malgache en a fait l’annonce le dimanche 19 avril, indiquant que la tisane sera lancée aujourd’hui. Dans un tweet, Rajoelina explique qu’il s’agit d’un «remède traditionnel amélioré à la fois préventif et curatif», conçu grâce aux «travaux scientifiques des chercheurs de l’Institut malagasy de recherche appliquée» (IMRA). Il avait d’ailleurs annoncé, dès fin mars, que l’IMRA travaillait sur un traitement depuis plusieurs semaines, en s’appuyant sur les recherches menées dans le cadre du traitement du paludisme.

Cette nouvelle intervient après des premiers essais cliniques «encourageants» et qui se poursuivront. «Les malades traités avec le Covid-Organics ont été guéris», selon Rajoelina, cité par L’Express de Madagascar. Le pays en dénombre 39 jusqu’ici qui se sont remis de l’infection au nouveau coronavirus, selon le président malgache. «Des malades en détresse respiratoire ont été tirés d’affaire et sont déjà sortis de l’hôpital», lit-on dans le compte rendu du quotidien.

 

Il a aussi déclaré que le Covid-Organics sera administré aux élèves qui retourneront bientôt à l’école. En effet, Madagascar met en place des mesures de déconfinement «progressif» à partir d’aujourd’hui dans les trois principales villes : Antananarivo, Fianarantsoa et Toamasina. Le port du masque est obligatoire à partir d’aujourd’hui, sous peine de se voir infliger des travaux d’intérêt général.

Madagascar est le plus gros producteur d’«Artemisia annua» en Afrique, de «la meilleure qualité», se vante le chef d’Etat. Cette plante est d’ailleurs utilisée pour soigner malaria et fièvre. Le Pr Albert Rakoto Ratsimamanga, fondateur de l’IMRA, «a été le premier à l’étudier sur le territoire», a précisé le président malgache.

Si Andry Rajoelina semble n’avoir aucun doute sur l’efficacité de ce remède, ce dernier doit encore être validé par la communauté scientifique et les experts internationaux. En sachant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a, en octobre 2019, publié un rapport dans lequel elle explique pourquoi elle «ne justifie pas la promotion des matières végétales d’Artemisia ou leur utilisation sous une quelconque forme pour la prévention ou le traitement du paludisme».

En s’appuyant sur les études et pratiques en Chine et en Afrique en matière de phytothérapie, «l’OMS a mis en garde contre l’utilisation de sources non pharmaceutiques d’artémisinine» mais aussi contre «une monothérapie à base de tisane d’A. annua pour le traitement du paludisme», soit contre l’utilisation seule de l’artémisia au lieu d’être associée à d’autres médicaments à l’effet plus prolongé.

L’organisme cite notamment le fait qu’il y a un «taux élevé» de résurgence du paludisme chez les patients étudiés.

Autre argument avancé : l’artémisinine, principe actif de la plante artémisia, est en «faible concentration» dans des «extractions de jus, des tisanes et des infusions de matières végétales utilisées dans la plupart des traitements non pharmaceutiques à base de plantes». Ce qui risque d’augmenter la résistance à cette molécule en particulier (et donc de réduire son efficacité) et de favoriser l’apparition de souches résistances du virus du paludisme.

Les chercheurs malgaches, eux, semblent sûrs des propriétés de Covid-Organics, qu’ils recommandent aussi pour prévenir contre d’autres maladies qui provoquent des problèmes respiratoires. A condition de suivre à la lettre les instructions qui accompagnent la petite bouteille de tisane, a déclaré le directeur général de l’IMRA, le Dr Charles Andrianjara, dans une intervention télévisée hier soir. La tisane sera vendue à un prix abordable, a-t-il assuré, selon NewsMada.com.

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