« L’African Peer Review Mechanism (APRM) a noté l’action de notation non sollicitée par Moody’s qui a entraîné la dégradation de la note d’émetteur en devises à long terme du gouvernement mauricien de Baa2 à Baa3, ainsi qu’un changement de sa perspective de négative à stable. » C’est ce qui découle d’un communiqué émis le 5 août par l’APRM. « Il s’agit de la troisième action de notation négative de Moody’s sur le gouvernement mauricien depuis l’épidémie de Covid-19 en mars 2020. Baa3 est la note d’investissement la plus basse, avant le « statut indésirable », ce qui signifie que les titres de créance du gouvernement sont soumis à un risque de crédit modéré et peuvent posséder certaines caractéristiques spéculatives », peut-on également y lire. Le principal moteur de la dégradation de la note a été cité par Moody’s comme étant « la qualité et l’efficacité affaiblies des institutions et l’inefficacité de l’élaboration des politiques, qui entravent la résilience économique du pays et sa capacité à absorber les futurs chocs économiques ».

L’APRM considère cette action de notation comme « dure et contrastant les efforts de relance économique du pays par rapport à l’impact dévastateur de la pandémie de Covid-19 et les facteurs de risque comme vagues et très subjectifs ». Pour étayer son point de vue l’APRM met en avant les observations suivantes :

• L’évaluation de Moody’s de la force institutionnelle et de la gouvernance était basée sur le fait que Maurice a appliqué des politiques non conventionnelles et des mesures économiques ponctuelles au cours des deux dernières années. Il s’agit d’une base insuffisamment compétente pour évaluer la force des institutions et de la gouvernance étant donné que les mesures économiques traditionnelles ne suffisent pas à faire face à la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19.

• La rétrogradation de Maurice est en contradiction avec la propre reconnaissance de Moody’s dans son rapport d’examen selon laquelle le cadre institutionnel de Maurice reste solide.

• La notion de « force institutionnelle et de gouvernance affaiblie à Maurice » a probablement été motivée par le pessimisme de l’analyste principal non résident de Moody’s couvrant Maurice.

• La demande d’objection ou d’appel sur les faits du projet de rapport de notation, faite au gouvernement dans le cadre du processus de notation, est due en moins de 5 jours avant que la décision de notation ne soit rendue publique. Cela ne laisse pas suffisamment de temps aux représentants du gouvernement pour consulter, faire appel ou demander des modifications à la décision de notation. Cela indique que le cadre consultatif de Moody’s, comme celui de Fitch et de S&P Global, est encore plus un exercice de « tick box ».

Sur la base de ces facteurs, l’APRM estime qu’il aurait été prudent que la notation de crédit souverain en devises à long terme du gouvernement mauricien soit confirmée par Moody’s. « La dégradation de la note augmentera considérablement le coût du service de la dette publique et étouffera davantage les fondamentaux économiques de Maurice », estime l’APRM qui, rappelons-le, est un organe de l’Union africaine qui soutient les pays africains dans le domaine des notations de crédit et entreprend des analyses de routine des actions de notation attribuées par les agences internationales de notation de crédit aux pays africains.

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