Sir Anerood Jugnauth l’a confirmé lors de la Private Notice Question (PNQ), à l’Assemblée nationale, ce matin. Trois membres du gouvernement se sont bien entretenus avec deux représentants de Dufry, soit Simo Carevic, CEO de Dufry AG, et Thomas Galet, Deputy CEO Africa de Dufry. Durant la soirée du 16 février dernier, au domicile de l’Attorney General, à Quatre-Bornes.

Plus tôt durant cette même journée, une réunion avait été organisée au bureau du Secretary for Home Affairs avec Simo Carevic et un haut cadre du top management de la compagnie suisse. Celui-ci a délégué un junior member venant de Tunisie. Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre de l’enquête sur la Mauritius Duty Free Paradise. Mais qui s’est avérée infructueuse, a déclaré le Premier ministre, les représentants de Dufry n’ayant fourni aucune information relative aux questions qui leur avaient été posées.

Les ministres Pravind Jugnauth et Roshi Bhadain dînaient en compagnie de Ravi Yerrigadoo à son domicile ce soir-là. La rencontre avec Thomas Galet et Simo Carevic, précise SAJ, s’est faite par l’intermédiaire de Rakesh Gooljaury. Simo Carevic, explique-t-il, devait prendre l’avion le lendemain. Cette réunion était-elle « convenable » ? a voulu savoir Paul Bérenger. D’autant que, selon lui, Gooljaury aurait dû avoir été arrêté dans le sillage de l’affaire Roches-Noires.

Pour le Premier ministre, ces membres de son gouvernement ont agi en toute bonne foi, car ils voulaient seulement « aider ». Devant l’insistance du leader de l’opposition sur ce point, SAJ de souligner que les deux hommes allaient quitter le pays. Les trois membres du gouvernement « étaient fully justified », a-t-il insisté alors que Paul Bérenger est revenu à la charge plusieurs fois. « Ils voulaient seulement aider pour que les documents requis soient remis à la police. Tout le reste dont parle le leader de l’opposition est superfluous. »

La tension dans l’hémicycle est montée d’un cran quand Paul Bérenger a abordé la conférence de presse animée par le ministre de la Bonne gouvernance, hier. Et lors de laquelle Roshi Bhadain, a rappelé Bérenger, a indiqué à une journaliste qu’il était en Grande-Bretagne quand cette fameuse réunion a eu lieu. « Mo pann dir sa ! », a lancé Bhadain, avant que sir Anerood Jugnauth ne réponde : « Il doit y avoir eu confusion sur les dates. » Et de préciser que le ministre de la Bonne gouvernance était à l’étranger du 21 février au 3 mars.

Tenace, Bérenger a insisté sur le fait que Bhadain a déclaré ne pas être là au moment de la réunion, parmi les éclats de voix de divers membres du gouvernement. Le leader de l’opposition a aussi suggéré à SAJ d’obtenir une copie du « damning » affidavit juré par Carevic et Galet, de même que de l’enregistrement de la réunion – qui serait en possession de Dufry. Paul Bérenger a également laissé entendre qu’il y aurait des éléments scabreux rattachés à la réunion du 16 février.

SAJ  a également confirmé qu’une objection to departure avait bien été émise par la police, le 17 février, contre les deux hommes de Dufry, puis levée. Sans pouvoir préciser de qui venait les instructions.

Il ressort également que c’est sans doute Rakesh Gooljaury qui a aidé à lever le lièvre sur les relations entre Dufry et Frydu, qui a perçu des commissions sur les ventes des boutiques hors taxes de l’aéroport de Maurice et de Rodrigues. Car c’est l’ex-partenaire en affaires de Nandaneee Soornack qui a fourni des documents, dont l’agency sales agreement liant Dufry et Frydu, des e-mails et un share purchase agreement. Détail notable : ce dernier indique que Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury étaient actionnaires à parts égales au sein de Frydu – et ce jusqu’en 2013, quand une partie des actions a été transferrée à Wigam Holdings ainsi qu’à un certain Laurent Obadia, et Gooljaury « éjecté de la structure ».

Ce début de séance parlementaire a été particulièrement tendu. Avec des chahuts, un « Voler ! » qui a par la suite été retiré, un « Soutire mem ! » balancé par un ministre. La Speaker Maya Hanoomanjee a dû intervenir à plusieurs reprises pour ramener le calme, interpellant même Roshi Bhadain – « Stop interrupting, please » – alors que celui-ci lançait des commentaires pendant que Paul Bérenger posait ses questions. Divers membres de la majorité se sont joints à lui par moments, interpellant les membres de l’opposition avec des allusions à Nandanee Soornack. Excédé, Paul Bérenger a fini par lâcher : « On essaie de m’empêcher de parler », « Shame ! ». Un « Shame ! » vite renvoyé par les travées gouvernementales.

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