L’Hexagone subit actuellement une véritable crise sociale et politique. Entre pandémie, actes de terrorisme et conflits diplomatiques, les français se sentent forcément confus, impuissants et divisés. Etant étudiant mauricien en France depuis quelques années, je me sens inexorablement concerné par cette épée de Damoclès au dessus de la tête du gouvernement macronien.

Au moment de la rédaction de cette tribune, la France est touchée par un troisième acte terroriste en l’espace de quelques semaines. L’auteur de cette atrocité s’est attaqué à trois personnes innocentes, à l’arme blanche, dans la cathédrale Notre Dame de Nice, au sud du pays. Selon les dernières informations, le meurtrier est un tunisien de 21 ans, entré en Europe par l’île de Lampedusa de manière irrégulière. Cet attentat survient après celui du 25 septembre, près de l’ancien siège du journal satirique Charlie Hebdo, qui a fait deux victimes qui, fort heureusement, ont pu s’en sortir. Trois semaines plus tard, un autre ressortissant étranger décapite M. Samuel Paty, enseignant d’une école à Conflans Sainte Honorine, pas loin de Paris, pour avoir montré en classe des caricatures du prophète Mahomet dans le but d’expliciter des idées autour de la liberté d’expression. Il est important de noter que tous ces actes de terrorisme ont été perpétués dans le contexte du procès des attentats de janvier 2015, à Charlie Hebdo.

Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a condamné l’attitude de son homologue français à l’égard des musulmans sur le territoire, suite à ces actes terroristes. Macron avait fait part de sa volonté de combattre le “séparatisme islamiste”. Le leader de la Turquie a alors mis en cause la “santé mentale” du chef d’Etat français, et comparé le sort des musulmans en Europe à ceux des “juifs avant la Seconde Guerre mondiale”. Il a aussi fait appel aux dirigeants européens de cesser la “campagne de haine” envers les musulmans sur le vieux continent. Ces commentaires d’Erdoğan n’ont pas été au goût de l’Elysée, qui a rétorqué avec un communiqué pour condamner ses propos. Ces échanges ont bien évidemment entraîné une discorde diplomatique, et l’ambassadeur français à Ankara a été rappelé au pays.

A la veille de l’événement sur la côte d’Azur, Emmanuel Macron s’était adressé à la population française pour les informer de l’instauration d’un confinement à l’échelle nationale, pour une période minimale d’un mois. Il vise à limiter la propagation alarmante de la COVID-19, qui a atteint des seuils sans précédent. Le nombre de nouveaux cas répertoriés en 24 heures a franchi le cap de 50,000 et risque d’augmenter selon les prévisions des experts. Selon Santé Publique France, le taux de positivité était de 1,9% en juillet dernier, pour atteindre 18,4% aujourd’hui. La saturation hospitalière menace d’exploser avec le nombre de patients en réanimation qui a doublé en trois semaines. Contrairement au premier épisode de mars, les crèches, collèges et lycées resteront ouverts, les aéroports pourront toujours opérer à condition de respecter les règles sanitaires, et le sport professionnel continuera, en l’absence de spectateurs. Emmanuel Macron se retrouve au fond d’un trou très profond. Le changement de gouvernement au mois de juillet, dans l’optique de lancer une nouvelle phase du quinquennat jusqu’en 2022, semble très lointain. La succession d’événements a sans aucun doute affecté la côte de popularité du Président de la République. Le principal concerné doit certainement prendre des mesures presque radicales pour renverser cette tendance. L’opposition exploite bien évidemment cette crise pour promouvoir son agenda.

Les médias profitent de ces attentats terroristes pour donner la parole à la droite, incarné principalement par Marine Le Pen et Eric Zemmour. Ces derniers souhaitent sans équivoque une transformation totale de la politique d’immigration, chose à laquelle la gauche objecte. Néanmoins, le système actuel présente ostensiblement des failles, que le chef d’Etat doit tenter de réparer. Depuis 2015, l’Hexagone est la cible préférée des extrémistes islamistes, qui profitent d’un certain laxisme du pouvoir exécutif. Le protocole sanitaire au niveau national ne fait qu’enfoncer le clou. Cette mesure stricte, prise dans un contexte sanitaire qui s’est empiré ces derniers jours, n’est pas appréciée ou approuvée par tout un chacun. En effet, les gérants de commerces non-essentiels et restaurateurs font face à une situation plus que délicate et difficile d’un point de vue financier. Ce nouveau confinement ne fait qu’aggraver les pertes subies au début de l’année.

Macron donne donc la priorité aux vies humaines sur l’économie, chose qui divise la population et attise la colère d’une bonne partie. Certains parlent d’une exagération des chiffres, d’une violation des droits civiques et d’une incompétence de l’exécutif alors que d’autres soutiennent les mesures mises en place en s’appuyant sur les chiffres clés des études sur la pandémie. Le confinement coûte environ 15 milliards d’euros à l’Etat quand on prend en compte toutes les aides et subventions inédites offertes, mais le peuple préfère une économie qui retourne à la normale…

Et pendant ce temps, Macron qui semble faire de la solidarité et de la fibre patriotique, voire du nationalisme, son leitmotiv continue d’encaisser des coups de boutoir assénés de part et d’autre. On dirait que le quinquennat de Macron n’est jamais de tout repos, la poisse lui colle sans cesse à la peau, jusqu’à la moelle…

Contributeur: Pranav Beeharry

Facebook Comments