A la veille des élections nationales, il semble essentiel de rappeler à nos dirigeants.es actuels.les et futurs.es ce qui doit figurer dans leurs priorités : la protection de nos enfants (de moins de 18 ans) et l’investissement dans leur éducation pour que chaque enfant puisse continuer à faire prospérer notre nation.

Ces préoccupations ont été portées par le gouvernement actuel, en particulier la Vice Prime minister qui a déposé le tant espéré Children’s Bill au Parlement, il y a quatre semaines. Une belle victoire pour tous ceux qui ont travaillé à la rédaction de ce projet de loi qui actualise et vise à améliorer la protection offerte aux enfants.

Cependant, les élections anticipées qui ont entraîné la dissolution du Parlement n’ont pas laissé de place aux débats sur et au vote du Children’s Bill avant la fin du mandat actuel.

Cela n’est pas, pour autant, une raison pour qu’il soit mis de côté !

Le Children’ Bill et la protection des enfants doivent être au centre des promesses des partis politiques qui doivent se montrer dignes du fait que nous leur confions nos enfants et l’avenir de notre pays.

La protection des enfants et l’assurance que chacun d’entre eux puisse exercer ses droits et s’épanouir dans notre société est un avantage humain et économique considérable face aux défis du 21siècle.

Et le Children’s Bill peut directement contribuer à la réduction des inégalités sociales et des inégalités de genre qui sont au cœur des objectifs de développement durable pour lesquels notre République s’est engagée.

Un exemple probant est celui du coût humain et économique que représente le mariage des enfants pour notre société en termes de participation citoyenne, d’éducation, de santé et de violence. Le fait que le mariage des enfants soit encore légal à Maurice est un indicateur de la faible valeur accordée aux filles et aux femmes dans notre société, en particulier celles qui proviennent de milieux défavorisés.

Marier un(e) enfant avant 18 ans (ou permettre la vie en concubinage) est toléré à travers les religions, pour certains, parce que perçu comme un moyen de libérer certaines familles d’une charge financière ou encore de prévenir d’éventuelles relations sexuelles hors mariage.

Mais en réalité, cette pratique est bien plus coûteuse qu’on ne le pense. A la fois pour les enfants qui la subissent et pour notre société.

Le mariage des enfants coûte cher à notre pays parce que les filles mariées avant la majorité sont placées sous le contrôle de leur époux généralement plus âgés et sont alors limitées dans les décisions qu’elles prennent.

Elles n’arrivent pas à terminer leur scolarité et sont isolées de leurs proches, de leurs amis.es et du soutien social essentiel à leur bien-être et leur épanouissement.

Les risques de violences conjugales, de grossesses, d’avortements et de mortalité précoces sont accentués.

Ces conséquences ont non seulement un effet néfaste sur leur santé physique et mentale (et sur les coûts économiques associés), mais également sur la capacité des filles mariées à obtenir un travail qualifié et à participer activement à la vie économique et sociale du pays.

Les enfants issus de ces mariages sont, à leur tour, affectés. D’abord sur le plan de la santé (mortalité infantile, naissance prématurée, malnutrition et/ou victime de violence, etc.). Ensuite sur le plan de leur éducation car élevés dans un climat d’insécurité et d’instabilité sociale et économique.

Un enfant marié, à cause des conséquences sur sa vie, sa santé, son éducation et son intégration socio-économique, représente un échec pour notre nation qui n’a pas réussi à assurer sa protection et celle des générations suivantes.

Si en 2019, le mariage de nos filles mineures est toléré et tû par nos décideurs.euses, cela ne peut être que néfaste pour l’image et l’émancipation de la femme mauricienne, sans compter le développement socio-culturel de notre population.

Notre nation aujourd’hui est complice de la violence et du cercle vicieux des inégalités socio-économiques et de genre. En tant que citoyens.nes mauriciens.nes, nous refusons d’être complices de la violation des droits humains et des droits des enfants !

Un projet de loi impacte directement l’avenir de notre pays.

C’est pourquoi nous demandons à chaque parti politique de se positionner clairement pour la protection de tous les enfants de moins de 18 ans en garantissant que le Children’s Bill soit amendé, en incluant l’abrogation de l’article 145 du Code civil (qui autorise le mariage avant 18 ans), puis voté dans les plus brefs délais afin de protéger nos enfants.

Communiqué de presse du Kolektif Drwa Zanfan Morisien (qui rassemble 9 ONG et 4 membres individuels). Courrier soutenu par 90 professionnels des secteurs légal, médical, éducatif, social, psychologique ainsi que 5 personnes engagées politiquement et un parti politique.

 

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