Deux mois depuis que les lumières de l’hémicycle se sont éteintes. Deux mois que le Sergeant-at-Arms a rangé sa Masse. Plus de questions parlementaires, plus de PNQ… On a suivi avec beaucoup d’intérêt les différentes tractations d’alliance qui, au final, ne se sont pas concrétisées. La réforme au frigo. Que de temps perdu…

Si on avait pu au moins demander au temps de suspendre son vol il y a deux mois, on n’aurait pas aujourd’hui ce sentiment de léthargie généralisée…

Un secteur économique en berne, des projets en arrêt total et un pays suspendu aux caprices des princes et à la bonne volonté de ses dieux…

La réforme électorale, cette priorité hurlée aux micros des radios jours après jours, ces sempiternelles rencontres ponctuées par les On and OFF, le ton solennel des leaders pour convaincre sur l’importance de la réforme électorale, 46 ans après notre indépendance, aujourd’hui on n’en parle quasiment plus depuis la rupture annoncée par Paul Bérenger le week-end dernier.

On était tout près d’écrire une nouvelle page de notre histoire politique, nous avait-on promis, pour finalement accoucher d’un  brouillon qui, depuis, est resté au fond des tiroirs. Tout cela à cause de la susceptibilité des uns et de l’irritabilité des autres…

La réforme que toute la jeunesse attendait pour changer une fois pour toutes le paysage électoral mauricien, semble avoir été sacrifiée sur l’autel de la puérilité, voire à cause de l’ego surdimensionné de nos politiciens. Navin Ramgoolam a projeté l’image d’un chef qui ne va pas au bout de ses actions et qui avance à tâtons ; Paul Bérenger, celle d’un partenaire impatient qui, fidèle à son habitude, a voulu danser plus vite que la musique.

Deux hommes, deux tempéraments antinomiques, deux conceptions différentes de faire la politique… que certains qualifient d’inconciliable. Comment peut-on alors espérer que ces deux-là parviennent à un arrangement qui puisse satisfaire les velléités de l’un et l’attentisme de l’autre.

C’est pourquoi nous sommes en mode « off » désormais alors qu’on a tous cru dans l’imminence d’une réforme.

L’interrupteur PTr-MMM désactivé, c’est le commutateur de l’opposition qui est branché cette fois.

Un réveil tardif mais ô combien important devant cette grogne dans le pays, l’opinion publique, qui dénonce avec ardeur la fermeture de l’Assemblée nationale…

Les politiques ne peuvent feindre de ne pas entendre le cri de colère des citoyens fatigués, las des tergiversations, ni le dégoût de la jeunesse devant l’incohérence de nos dirigeants… synonyme non seulement du temps perdu mais aussi de votes perdus…

Paul Bérenger et Xavier Duval remettront aujourd’hui sur la table le dossier de la réforme lors de leur tête-à-tête. L’un tentera de convaincre l’autre sur la nécessité de voter pour, même si les Bleus insistent sur le seuil d’éligibilité à 5 %.

Le MSM et les autres partis et groupement de l’opposition sont appelés à se réunir autour d’une même table pour la première fois la semaine prochaine à l’initiative de Paul Bérenger… Ce qui pourrait déboucher sur une action concertée en vue de la motion de censure et plus si affinité…

Imaginons une alliance de l’opposition. Mais pour quel programme ? Leur seul objectif commun pourrait être de faire tomber Navin Ramgoolam. Un mariage de raison plus que d’amour. Il n’est un secret pour personne que tout les sépare. Ils ne partagent pas non plus les mêmes valeurs. Ils se sont longtemps insultés. Aujourd’hui, on mettra tout cela de côté certes, mais un projet de société commun pourrait-il être envisagé ? Time will tell…

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