Nando Bodha, Leela Devi Dookun-Luchoomun ou encore Soodesh Callichurn sont arrivés en avance. Les députés du PMSD Patrice Armance et Guito Lepoigneur et les ministres cherchent leurs places. La quiétude est interrompue par l’arrivée tapageuse du chef de file du Parti travailliste au Parlement. Shakeel Mohamed porte un sac à dos et le pose en regardant la galerie de la presse. « Dan lekol la, hein », rigole-t-il.

Peu de temps après, Pravind Jugnauth fait son entrée et une fois installé, va saluer sir Anerood Jugnauth, son prédécesseur. Père et fils discutent, dans la bonne humeur, une place les sépare, celle d’Ivan Collendavelloo, le numéro 2 du gouvernement. Le déferlement des députés de la majorité, rentrés immédiatement après leur chef, s’estompe. Xavier Duval arrive d’un pas décidé et se rend directement à sa place. Deux travées derrière lui, Roshi Bhadain est assis à côté de Kavy Ramano. En face, Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo échangent quelques mots en regardant les rangs de l’opposition.

C’est au tour de la Speaker de faire son entrée. Comme le veut la tradition, les députés se lèvent à son arrivée. Mais les bleus, les travaillistes ainsi que Roshi Bhadain restent assis pendant que Maya Hanoomanjee se rend à son perchoir. La présidente de l’Assemblée nationale débute d’ailleurs la séance en répondant à Roshi Bhadain. Non, elle n’a pas agi en fonction d’un quelconque motif personnel. La Speaker assure n’avoir fait que suivre les standing orders pour refuser à Bhadain le droit de s’asseoir à côté du leader de l’opposition. Bhadain la regarde parler avec un sourire narquois.

Les nominations du Deputy Speaker et des membres des comités parlementaires effectuées, l’heure est à la première Private Notice Question de l’année. Décontracté, Nando Bodha, le ministre des Infrastructures publiques, explique la mise en œuvre du projet Metro Express. Mais dès la première question supplémentaire du leader de l’opposition, l’atmosphère se tend. Mécontent des réponses fournies par Bodha, Duval l’accuse de répondre à côté. Les vifs échanges entre les deux hommes amusent Shakeel Mohamed qui rebaptise le projet « Bhago Express » [ndlr : ‘Bhago’ veut dire ‘fuyons’ en hindi]. Un humour qui ne plaît pas du tout à SAJ qui ne cache pas sa colère.

En face, Paul Bérenger n’écoute que d’une oreille. Il lit de temps en temps son journal, regarde ailleurs et prend occasionnellement la peine d’écouter ce que disent Bodha ou Duval. Les deux hommes s’accusent mutuellement. Bodha répond à côté sur les éventuels dépassements budgétaires du projet, estime Duval. Le ministre rétorque en reprochant à Duval, alors ministre des Finances, d’avoir laissé gonfler le budget de la route Terre-Rouge/Verdun. Assis deux rangs derrière Duval, Bhadain tente d’apporter son grain de sel en lui soufflant quelques répliques. Duval n’entend pas, la voix de Bhadain étant noyée dans le brouhaha ambiant.

« Jouisseur!  » lancent des députés de la majorité. Ce qui conduit la Speaker à appeler au calme. Irrité par l’attitude de Duval, Bodha le regarde à peine quand celui-ci lui adresse ses questions supplémentaires. Poussant de profonds soupirs à chaque intervention du leader de l’opposition. La tension entre les deux hommes inspire en tout cas Shakeel Mohamed qui ne cesse de faire des blagues. Elles font mouche chez Bérenger qui rigole jusqu’à en devenir rouge. La fin de la PNQ de Xavier Duval est marquée par des tap latab nourris de la majorité.

Place à Sudesh Rughoobur. Le député de Grand-Baie/Poudre d’Or doit poser quatre questions d’affilée au Premier ministre. Dès sa première interpellation, les questions supplémentaires du député traînent en longueur. Irritant Rajesh Bhagwan, qui lance : « Mo pe anvi poz enn kestion lor bann transfiz. » Ce qui fait rire les députés. Et qui conduit la Speaker à rappeler à Rughoobur qu’il doit poser des questions et non se perdre dans des introductions longuettes.

L’ambiance bon enfant des échanges entre Rughoobur et Jugnauth rompt quelque peu la concentration de ce dernier. Au point où le Premier ministre se lève pour répondre à l’annonce de la 3e question. Seulement pour se rendre compte qu’il ne sait pas exactement à laquelle des deux questions restantes répondre. Ce cafouillage déclenche l’hilarité de Paul Bérenger. « Continue like that », se moque-t-il. Hanoomanjee demande du coup aux députés de ne pas se moquer entre eux.

Le Premier ministre reprend le cours de sa réponse. En face, le député du MSM s’emmêle les pinceaux. Il se réfère à son patron tantôt comme Honourable et tantôt comme Right Honourable. A cheval sur la forme, Bérenger réprimande Pravind Jugnauth. « You should correct him! » Ce qui est loin de plaire au chef du gouvernement qui s’agace du « blablabla blablabla » du leader du MMM.

Mais Rughoobur n’en a pas fini. Il veut poser une question supplémentaire et le signifie en levant la main. C’est la goutte d’eau de trop pour Bhadain. « Manier pe ale la, pou ena lager la, hein ! » prévientu Bhagwan. « Don’t interrupt », ordonne Maya Hanoomanjee. « I am becoming nervous », persiste le député mauve. Ce qui déclenche l’hilarité générale. Le Premier ministre rit aussi de bon cœur.

Le temps imparti pour les questions au Premier ministre est presque épuisé et Rughoobur enchaîne avec sa 4e question. Veda Baloomoody résume le sentiment de l’opposition face à la séance des questions monopolisée par un député de la majorité : « Pe abize la ! » Ce qui déplaît aux membres du gouvernement. Hanoomanjee intervient à nouveau. A peine Pravind Jugnauth a-t-il le temps de compléter sa phrase, la voix de la Speaker met fin à la première partie de la journée. « Time is up! » Le brouhaha gagne hémicycle. « La honte ! », lancent des députés de l’opposition.

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