Voilà 35 ans que Malcolm de Chazal est décédé, mais ses ouvrages ne cessent de fasciner. Romans, nouvelles, tableaux… L’artiste et penseur touche-à-tout s’est essayé à différents styles et formes. Aujourd’hui, c’est une bande dessinée à plusieurs mains, qui vient d’être publiée chez l’Harmattan, qui est consacrée à l’une de ses œuvres. L’occasion de redécouvrir cet artiste protéiforme.

La librairie Petrusmok accueillait dailleurs, le 5 mars dernier, une journée dédicace des Contes de Morne plage. Cet album, inspiré d’un recueil de nouvelles de Chazal, est un projet lancé en 2014, par Robert Furlong, alors président de la fondation Malcolm de Chazal. Il réunit des dessinateurs et scénaristes mauriciens, malgaches et français autour de nouvelles féériques.

L’adaptation nous plonge dans des planches colorées, où se mêlent cow-boys et sirènes, nains farceurs et petite théière. Huit petites histoires, sur la vingtaine que comprend le recueil, nous transportent dans un univers onirique. Au premier abord, l’album semble fait pour les enfants. Mais à la lecture, il s’adresse aussi à un public plus âgé, le regard est différent, plus profond. «Chazal a la particularité d’avoir regardé par delà l’île Maurice, au-delà des choses», souligne Robert Furlong. Il ajoute que pour l’artiste, «l’île Maurice était un évangile à ciel ouvert», chargée de transmettre des enseignements métaphysiques ou philosophiques. L’auteur valorise ses racines.

Il faut attendre 2012 pour que soit publiée la première version des Contes de Morne plage, aux éditions Vizavi. Un livre de vingt-deux histoires racontées par cet artiste intégral. Une rencontre fortuite, survenue en 1957, entre Malcolm de Chazal et la Française Simone Ballanche accompagnée de sa fille les lui a inspirées. Lors de leurs nombreux séjours au Morne, l’auteur compose oralement ces contes. Ils ont su émouvoir Simone qui insiste d’ailleurs pour les transcrire.

C’est aussi durant cette période que l’écrivain découvre la peinture. Sa source d’inspiration : la fillette de 8 ans, Martine. Semblable à celle d’un enfant, son style un peu naïf se caractérise par des aplats de couleurs, des coloris francs et vifs. Pourtant, il a trouvé sa voie. «La peinture lui permet d’exprimer une métaphysique que les mots ne lui auraient pas permis d’exprimer», explique Robert Furlong.

Cette aventure avec les Françaises s’achève en 1964, lorsque la maladie de Simone oblige les Françaises à rentrer. Les feuillets auraient pu s’évaporer. Mais à la mort de Simone Ballanche, en 2005, sa fille Martine Hatswell retrouve les tapuscrits et contacte la fondation de Malcolm de Chazal, à qui elle en fait don.

La bande dessinée des Contes de Morne plage a été un travail de longue haleine. Les scénaristes ont trouvé le juste équilibre pour traduire les pensées de cet auteur encore mal connu à Maurice. Les illustrateurs ont joué sur les textures, formes et couleurs pour rendre accessible le riche et complexe héritage qu’a laissé l’auteur.

Aujourd’hui, l’œuvre inspirée de Malcolm de Chazal est disponible ici mais aussi dans un millier de librairies francophones. De quoi rendre sensible Maurice, mais aussi le reste du monde à son travail colossal.

Ce travail rassemble les Stanley Harmon, Munavvar Namdarkhan, Thierry Permal, William Rasoanaivo alias Pov, Evan Sohun, Umar Timol, Eric Andriantsialonina alias Dwa, Tojo Fanday et Njaranirina Lova Ratianalison alias Fara-haingo, et ainsi que Christophe Cassiau-Haurie, Elanni et Djai.

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