D’une voix émue, Ameenah Gurib-Fakim déclare qu’elle s’est sentie «complètement isolée» depuis les révélations de la presse quant à son utilisation de la carte de crédit de Planet Earth Institute (PEI). Et qu’elle sentait un «manque total de soutien de l’exécutif». L’ex-présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim s’est expliquée ce mardi devant la Commission d’enquête instituée contre elle sur les événements qui ont marqué son départ du Réduit en mars dernier.

Relatant comment elle a dû se tourner vers des hommes de loi du privé, Ameenah Gurib-Fakim fait ressortir qu’elle a dû se résoudre à cette solution car l’Attorney General ne semblait pas intéressé à lui prodiguer des conseils. Elle s’est tournée vers Maneesh Gobin, mais ce dernier lui a répondu qu’il était «very busy». Elle a alors pris contact et adressé une lettre au Premier ministre pour lui faire part de son embarras. L’Attorney General s’est finalement présenté au Réduit dans l’après-midi du 28 février.

Dans les jours qui ont suivi, ajoute Ameenah Gurib-Fakim, elle ne pouvait compter sur l’Attorney General, qu’elle s’est sentie «complètement isolée» et a accepté l’offre de l’avocat Yousuf Mohamed qui lui a proposé de la conseiller. «Things were getting complicated (…) I felt completely isolated at the State House. There was no support from the Executive in terms of defending, standing up for the institution which was being attacked», dit-elle en soulignant que l’Hôtel du gouvernement lui a donné pour consigne de ne pas s’adresser à la presse.

C’est ainsi, déclare Ameenah Gurib-Fakim, que l’avoué Gilbert Noël, qu’un ami lui a présenté, lui a conseillé de mettre sur pied une Commission d’enquête. Elle a alors évoqué la question à MYousuf Mohamed. «In my mind, when I was talking with people from the legal profession who are solid, who are seniors and who have very good reputation, I will not doubt what I was doing could be construed as an unlawful act as mentioned in a letter from the Prime minister dated the 16th of March», poursuit-elle.

L’idée de mettre sur pied une commission d’enquête, dit-elle, était «d’intérêt public» car «les Mauriciens devaient connaître la vérité» à travers «un forum crédible».  A la question du juge Asraf Caunhye, l’ex-présidente déclare qu’elle n’avait aucune idée qu’elle avait agi dans l’illégalité, ses hommes de loi n’ayant aucunement mention de ce détail. C’est quand elle a pris connaissance de la lettre du Premier ministre dans la soirée du 16 mars qu’elle s’est sentie davantage «completely isolated», «completely shattered» and «dejected».

L’ex-présidente indique que les «terms of reference» de ladite commission d’enquête ont été rédigés par Gilbert Noël et Nadeem Hyderkhan, le «junior» de Yousuf Mohamed. Quand ce dernier s’est présenté, dit-elle, elle avait l’impression que «all was ok». C’est après la rédaction du document que Yousuf Mohamed l’a appelée pour lui demander de «hold on» et qu’il allait d’abord s’entretenir avec sir Hamid Moollan. Il est revenu vers elle pour lui dire qu’elle ne peut aller de l’avant avec la commission d’enquête en ces termes. Le Senior Counsel lui affirmant, selon Gurib-Fakim : «No you cannot, but tactically you can.»

«For ‘tactically you can’ is ‘I can’. I made assumptions. I trusted my legal team», fait ressortir Ameenah Gurib-Fakim. Elle déclare que le seul document relatif à une commission d’enquête qu’elle a signé porte sur celle sur la drogue mais qu’elle n’a pas été impliquée dans sa rédaction. «The sense of isolation, the total lack of support from the Executive, there was no will whatsoever to defend the institution of the Presidency», a répété l’ex-présidente.

Elle sera de retour mardi, voire jeudi prochain devant le juge Caunhye avec les relevés de la carte de crédit de l’organisation non gouvernementale PEI qu’elle a utilisée et les détails entourant ces transactions.

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