Alors que Pravind Jugnauth se prépare à présenter son premier Grand oral sous la bannière de l’Alliance Lepep, Rezistans ek Alternativ (ReA) lui lance un appel. Celui de ne pas suivre l’exemple du « fiasco » des 18 mois d’une politique économique et sociale posée par Vishnu Lutchmeenaraidoo. Et de ne pas « vendre nos biens communs ».

Le parti au papillon demande, en effet, au ministre des Finances de « stopper la privatisation de l’eau et du port, sous quelque forme ». Cela alors que les discussions avec DP World sur ces propositions sont en cours, et que la Central Water Authority est toujours à la recherche d’un partenaire stratégique.

Lors de sa victoire aux élections en 2000, rappelle Ashok Subron, la « première réaction » de sir Anerood Jugnauth avait été de mettre un frein au projet de privatisation du fournisseur d’eau.

ReA demande aussi au Grand argentier de revoir les projets de développement basés sur les smart cities, de stopper la « braderie » de nos côtes et du lagon.

Le projet de faire de Maurice un petroleum hub devrait être revu également, renchérit Subron. L’échouage du MV Benita, jeudi 16 juin au soir, sur des récifs au large du Bouchon, soutient-il, illustre les dangers auxquels le pays s’expose en cas de déversement de produits pétroliers ou de marée noire. Une substance huileuse s’est déversée du pétrolier libérien.

Poursuivant sur l’orientation que devrait donner le ministre des Finances à son Budget, ReA estime que celui-ci devrait avoir une empreinte « écosocialiste ».

Comment ? En préparant Maurice, sur les 50 ans à venir, à être une « post-carbon economy », par exemple à travers un système de transport public carburant au renouvelable, et l’introduction d’un Green Energy Bond Scheme pour encourager la participation citoyenne au développement des énergies vertes.

Le parti au papillon propose aussi la mise sur pied d’une Marine Audit Commission qui réorienterait l’économie océanique afin d’assurer notre sécurité alimentaire tout en préservant l’écosystème marin.

Pravind Jugnauth devrait aussi réfléchir « sérieusement à notre politique de fiscalité », soutient Subron, ramener l’âge de la retraite à 62 ans et introduire le salaire minimal avec le Budget, malgré le vote de la loi permettant la mise sur pied du National Wage Consultative Council, dont c’est le mandat.

Le syndicaliste rappelle qu’une augmentation des salaires dans 13 secteurs, où les employés touchent moins de Rs 6 500 par mois, n’est toujours pas d’actualité. Si le gouvernement l’a approuvée en 2003, le National Remuneration Board n’a proposé de révision que dans 12 secteurs, déplore ReA. Environ 46 000 travailleurs concernés, précise Ashok Subron.

Celui-ci salue, par ailleurs, la décision du Directeur des poursuites publiques de faire « appel du jugement de la Cour suprême dans l’affaire Medpoint. Si un « grand principe juridique » qu’est le « criminal intent » a été rétablit, explique Subron, le raisonnement sur le personal interest et le corporate interest semble toutefois « ambigu et très dangereux ».

Abordant la question des salaires des parlementaires, Kugan Parapen estime qu’il n’est « pas éthique » que ces derniers soient appelés à voter leurs propres rémunérations. Il propose également le gel du salaire du Premier ministre qui, dit-il, est « surpayé » alors que le pays veut réduire l’écart entre riches et pauvres, jusqu’à ce que le différentiel avec le Cabinet ministériel soit de moins de 10%.

Stefan Gua est, pour sa part, revenu sur la question de dépossession des terres. Le gouvernement devrait appliquer les recommandations de la Commission Justice et Vérité, affirme-t-il, au lieu de tergiverser avec un comité ministériel.

La dépossession des terres a été possible grâce aux faiblesses contenues dans notre législation, dit Gua en commentant la réponse de l’Attorney General au Parlement, le 7 juin. Il est nécessaire, souligne-t-il, qu’une Land Monitoring Unit soit mise sur pied, de même qu’une Land Division au niveau de la Cour suprême.

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