C’est le gouvernement qui proposera les termes de la réforme électorale, a lancé sir Anerood Jugnauth à Alan Ganoo. Il n’y aura pas de comité élargi regroupant les différents partis, comme l’a suggéré le député du Mouvement patriotique, mais un comité interministériel, a annoncé le chef du gouvernement au Parlement, ce mardi, dans sa réponse à la Private Notice Question de Paul Bérenger. Le comité interministériel démarrera ses travaux après le 3 novembre, date à laquelle les deux plaintes logées et maintenues en Cour suprême par Rezistans ek Alternativ seront prises sur le fond.

Le gouvernement Lepep, a indiqué SAJ, respectera ses engagements pris dans son manifeste électoral et dans le programme gouvernemental. Ceux-ci font état de l’introduction d’une dose de proportionnelle, a-t-il rappelé, mais aussi de pouvoirs accrus pour l’Electoral Supervisory Commission.

Les propositions du précédent régime « étaient plus dans l’intérêt de deux partis que de celui du pays », note le Premier ministre. Qui insiste sur le fait qu’il n’acceptera pas de mode de scrutin proportionnel qui vienne bouleverser le verdict des urnes. S’il concède à Bérenger que le bureau du Solicitor General a abattu un énorme travail sur des ébauches d’une Electoral Reform Bill, celles-ci seront consultées par son gouvernement mais pas circulées. « Je n’en vois pas la raison », a fait remarquer SAJ.

Si SAJ n’a pas voulu s’avancer pour dire si le seuil fixé sera ramené à 5%, il n’a pas manqué d’égratigner le MMM qui, selon lui, a fait des propositions de réforme qui seraient allées à l’encontre du vœu des électeurs. Pressé par Bérenger d’expliciter son propos, SAJ rétorquera : « Des amendements basés sur ce qui a été fait à Rodrigues. »

Paul Bérenger soulignera alors que le cas rodriguais est différent et ne peut donc servir d’exemple pour l’île Maurice. D’une part, explique le leader de l’opposition, les candidats n’y sont pas requis de déclarer leur appartenance ethnique. D’autre part, le déséquilibre qu’a connu le parti majoritaire est le résultat non pas du système de proportionnelle mais de la défection de certains membres élus du parti.

Joe Lesjongard prend la balle au bond et demande au Premier ministre s’il est au courant des nombreuses demandes pour des amendements au modèle rodriguais. SAJ répondra par l’affirmative, notant au passage que la population « en a marre de ce système ». Et qu’un nouveau modèle est nécessaire. « Je suis d’accord », lance alors Francisco François, député de Rodrigues, qui est rejoint par le deuxième député de l’île. Joseph Buisson Leopold de s’enquérir alors de l’imminence des amendements à la législation dans ce sens.

A Shakeel Mohamed qui souhaitait savoir si le gouvernement comptait actualiser le recensement de 1972, SAJ de répondre que lorsque la réforme sera présentée, « le recensement ne sera plus nécessaire ».

Répondant à Paul Bérenger, sir Anerood Jugnauth confirme que le Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui a épinglé Maurice en 2012 suite à la plainte logée par Rezistans ek Alternativ, sera tenu informé en fonction de « nouveaux développements ». Et que Maurice réitérera son engagement pour une réforme électorale avec l’introduction d’une dose de proportionnelle et une meilleure représentativité des femmes. La question de déclarer son appartenance ethnique, sujet de la plainte de Rezistans ek Alternativ en Cour suprême, sera adressée dans le contexte plus élargi de la réforme électorale, assure le SAJ.

Le ton dans l’hémicycle était plutôt bon enfant en ce début de séance du 20 octobre. Celle-ci marque le retour de SAJ à l’Assemblée nationale après quatre semaines.

Photo d’archives

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