Alors que le ministre Anil Gayan a annoncé, cette semaine, que le traitement de substitution à la méthadone serait remplacé, pour les nouveaux patients, par le Suboxone et le Naltrexone, les ONG engagées dans le programme de réduction des risques disent accueillir « favorablement » cette décision. Mais estiment que « le programme de substitution à la méthadone doit être maintenu en parallèle ».

Les « recommandations internationales », soutiennent les signataires du communiqué émis aujourd’hui, « favorisent la méthadone en termes de coût et d’efficacité ». Et déplorent le « manque de dialogue avec les autorités » qui n’ont pas discuté avec les ONG avant de procéder à ces changements.

Les ONG se disent ainsi en faveur d’une « offre diversifiée dans la réponse médicale » proposée à ceux qui sont dépendants aux opiacés. Cela parce qu’« il n’existe pas de produit miracle qui fonctionne pour tout le monde ». La méthadone, affirment les ONG, « a porté ses fruits » en faisant reculer, chez les injecteurs de drogues à Maurice, l’incidence au VIH de plus de 60%. La méthadone, estiment Pils, le Collectif Urgence Toxida, Parapli Rouz, le Groupe A de Cassis, le Centre Goomany et leurs autres partenaires, devrait par conséquent « être maintenu en induction pour certains patients », aux côtés d’autres options.

Certes, le programme de substitution doit être amélioré, disent-elles. Cependant, « changer de médicament, et le remplacer par un autre » ne résoudra rien sans si le système de distribution du produit de même que le suivi des patients ne sont pas revus également, avancent les ONG. « Nous pensons qu’un suivi psycho-social ne peut pas se faire de manière appropriée si les ressources ne sont pas attribuées à cet effet. »

La dépendance, une maladie chronique

Les « inquiétudes » des organisations de la société civile portent aussi sur la durée « limitée » du nouveau traitement. La dépendance à l’héroïne, rappellent-elles, est considérée comme une « maladie chronique » par l’Organisation mondiale de la Santé. Et les traitements courts comme ceux que préconise le ministère de la Santé avec le Suboxone et le Naltrexone pourraient ne pas convenir à tous, soulignent les ONG.

Par ailleurs, ces deux médicaments « ne répondent pas forcément à notre réalité », avancent ces associations. Qui expliquent que le Naltrexone est déconseillé à ceux qui ont des problèmes au foie. Hors, 97% des injecteurs de drogue à Maurice souffrent d’hépatite C, qui touche le foie. Ce médicament « peut aussi avoir des interactions importantes » avec des antirétroviraux utilisés pour soigner les  personnes vivant avec le VIH, qui constituent 48% des injecteurs de drogues.

Quant au Suboxone, s’il paraît « plus difficile de le détourner » comme cela est parfois le cas avec la méthadone actuellement, il coûte « 4 à 5 fois plus cher » que celle-ci, expliquent les ONG. Et de se demander si le Fonds mondial (Global Fund), qui finance actuellement le traitement de substitution à la méthadone, acceptera de financer ce traitement.

Photo : Les ONG durant la conférence de presse, le 30 juillet dernier à la municipalité de Port-Louis, pour  

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