Si la Cour internationale de justice émet un avis favorable sur la décolonisation de Maurice, les répercussions concerneront également d’autres pays. A l’exemple de la Chypre, du Belize ou encore de l’Argentine, qui ont déjà fait leurs présentations orales à La Haye. Mais quelles pourraient ces conséquences juridiques découlant de la formation du droit international ?

Chacune des 22 délégations auditionnées cette semaine par cette instance onusienne a été invitée, le mercredi 5 septembre, à répondre à cette question par le juge Antônio Augusto Cançado Trindade. Qui note de nombreux représentants ont évoqué les résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies le 14 décembre 1960 [1514 (XV)], le 16 décembre 1965 [2066 (XX)], le 20 décembre 1966 [2232 (XXI)] et le 19 décembre 1967 [2357 (XXII)].

Pour Maurice, de nombreux pays évoquent le retour des Chagos par le Royaume-Uni. Des pays amis qui se sont prononcés en faveur de Port-Louis sont aussi concernés par une décolonisation incomplète. A l’exemple de la Chypre, qui a été entendue le lundi 3 septembre, est une ancienne colonie britannique. Dont la partie nord est occupée par la Turquie depuis plus de quarante ans.

Elle devient indépendante en 1960 au milieu de tensions intercommunautaires : «les Chypriotes grecs souhaitent être rattachés à la Grèce, tandis que la minorité turque veut une partition de l’île», écrit Le Temps. L’île connaît une participation suivant un coup d’Etat, en 1974, d’ultranationalistes pour annexer l’île à la Grèce et provoque le débarquement de soldats turcs. Ces derniers fondent ce qui deviendra la République Turque Chypre du Nord, à majorité turque et marqué par un «vaste échange de populations», rappelle Le Monde : des centaines de milliers de Chypriotes turcs vers le Nord et de Chypriotes grecs vers le Sud.

Autre pays concerné : le Belize, dont le Guatemala revendique la moitié du territoire. Cette affaire concernant ces deux Etats d’Amérique du Sud devrait d’ailleurs atterrir devant la Cour internationale de justice. Le Guatemala a voté pour saisir cette instance onusienne afin de «définir la frontière entre les deux pays, qui n’a toujours pas été délimitée juridiquement», note LaPresse.ca.

Enfin, l’Argentine et le Royaume-Uni se disputent les îles Malouines/Falkland. Un dialogue entre les deux pays a démarré en 2016, indique FranceTvInfo. L’Argentine revendique la souveraineté sur l’archipel depuis 1883, quand la Grande-Bretagne prend possession des îles «en chassant les autorités argentines» qui s’y trouvent, selon le Monde. En avril 1982, des soldats argentins débarquent sur l’archipel pour ce qui sera appelé la Guerre des Malouines. Les Britanniques y mettent fin en reprenant le pouvoir dix semaines plus tard, soit en juin.

«Le Royaume-Uni met en avant l’origine britannique des habitants, le fait qu’il administre le territoire depuis 1833 et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’Argentine, de son côté, plaide qu’elle a hérité des Malouines à son indépendance en 1816. Et elle met en avant la proximité de ces îles avec ses côtes», souligne encore Le Monde. Qui note que les conflits portent aussi sur la pêche et la découverte, en 2010.

Lors d’un référendum en 2013, la population des Malouines se prononce en faveur du maintien de l’administration britannique. Le Comité de décolonisation des Nations unies a enjoint les deux Etats à «reprendre les négociations afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique».

Photo (icj-cij.org) : La Cour internationale de justice lors du premier jour des auditions orales, le 3 septembre

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