«Nous n’avons pas dit notre dernier mot.» Les membres du collectif Protect Anse-la-Raie ne sont pas rassurés après les déclarations de Nando Bodha au Parlement, il y a deux jours. Le projet de «bypass» à Cap-Malheureux, au coût de Rs 200 millions et annoncé depuis l’année dernière, comprend l’abattage de 125 arbres, a confirmé le ministre des Infrastructures publiques. En précisant que 400 autres seront plantés le long de la nouvelle bretelle.

«La route côtière sera maintenue tout comme l’accès à la plage», a affirmé Bodha le vendredi 9 novembre, sous les «tap latab» de la majorité suite à une interpellation du député Sudesh Rughoobur. La bretelle reliera Grand-Baie à Cap-Malheureux et Anse-la-Raie. Le ministre de souligner que l’actuelle route comprend huit tournants dangereux, dont certains sont presque à angle droit.

Des arguments qui peinent cependant à convaincre le collectif. «Nous ne sommes pas contre le projet de bypass», insiste un interlocuteur. Mais des interrogations subsistent quant à sa nécessité mais, surtout, son tracé. Un alignement alternatif existe (en passant plus près de l’hôtel Sensimar Lagoon Mauritius), souligne ce porte-parole, qui éviterait de couper des arbres. Du reste, le tracé «n’a aucun sens» car il bifurque à 90° à un certain point pour «éviter» une parcelle.

Le projet de by-pass, «est-ce une priorité ?» veut savoir le collectif. Qui fait valoir que le trafic dans la région est «toujours» fluide, contrairement aux abords de Grand-Baie La Croisette.

A l’argument sécuritaire, notre interlocuteur exprime son étonnement. Les riverains qui empruntent l’actuelle route d’Anse-la-Raie deux fois par jour n’ont témoigné d’aucun accident. (la suite de l’article plus bas)

Il n’y a eu, de surcroît, aucune étude à ce sujet sur cette région, soutient le collectif avec certitude. En citant les propos du représentant de la Traffic Management Road and Safety Unit, lors d’une réunion d’information organisée le 8 novembre. Etaient également présents au village hall de Cap-Malheureux : des cadres du ministère des Infrastructures publiques, de la Road Development Unit, du Forestry Department, du comité Ramsar et Sudesh Rughoobur, à l’origine de la rencontre.

Le projet est doté d’un rapport EIA (Environment Impact Assessment), a fait valoir Nando Bodha au Parlement, et a obtenu une autorisation du comité Ramsar quant aux zones humides dans la région. Le rapport EIA n’a pas encore été approuvé, relève le collectif Protect Anse-la-Raie. Le «Forestry Department» n’a pas encore reçu de plan de la RDA quant à la mise en terre des centaines d’arbres que mentionne Bodha, a-t-on indiqué à ses membres lors de la réunion. Celle-ci a réuni une dizaine de personnes car «c’était une réunion privée», souligne le collectif.

Celui-ci ne compte pas lâcher l’affaire. «On a toujours confiance que les ministres deviennent intelligents», lâche, un brin sarcastique, le porte-parole. Une réunion est prévue durant la semaine pour décider de la marche à suivre. Et faire le point sur une activité de sensibilisation où des citoyens amoureux de la nature seront notamment mobilisés pour faire du «tree hugging», des câlins aux arbres.

Rughoobur en prend pour son grade au Parlement

«Choqué et attristé» par les propos de Sudesh Rughoobur sur les ondes de radio privée durant la semaine écoulée, Nando Bodha n’a pas été tendre envers son camarade de partie. Le député de Grand-Baie/Poude-d’Or a débité des «faussetés» et des «mensonges», a affirmé le ministre des Infrastructures publiques à l’Assemblée nationale, le vendredi 9 novembre.

«Je n’ai aucune propriété près de cette route», a soutenu Bodha suivant la requête de Sudesh Rughoobur, avant l’ajournement des travaux, pour que le tracé du «Cap-Malheureux bypass» soit revu afin de sauver les 125 arbres marqués pour l’abattage. «Personne n’est contre le projet», avait fait remarquer le backbencher. Mais Anse-la-Raie est «l’un des rares endroits dans le Nord» pour un moment de détente en famille, a plaidé le parlementaire.

«Nous faisons ce qu’il faut», a maintenu le ministre sous les encouragements de la majorité, face à un Sudesh Rughoobur visiblement esseulé. Nous avons vainement tenté de joindre ce dernier pour un commentaire.

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