Xavier Duval n’a cessé de la réclamer. Mais Pravind Jugnauth estime qu’une commission d’enquête sur Álvaro Sobrinho, qui défraie la chronique depuis plusieurs semaines, n’est « pas justifiée ».

Diverses enquêtes sont actuellement en cours, explique le Premier ministre. En outre, les banques commerciales sont « satisfaites » de la provenance des fonds d’Álvaro Sobrinho et de ses entreprises.

Central Criminal Investigation Department, Financial Services Commission (FSC) et même le ministère des Finances… Les enquêtes sur Sobrinho à la lumière des « nouvelles informations » apparues depuis février de cette année sont multiples.

Et alors que Xavier Duval martèle que les procédures ont été « contournées » ou « ignorées » pour favoriser l’Angolais et veut en connaître la raison, le chef du gouvernement insiste : « Aucune procédure n’a été contournée. »

Les autorités, explique-t-il, ont agi selon la loi, « en fonction des informations disponibles au moment des applications soumises ». Et de souligner que lorsqu’il y a eu d’autres informations, « même de l’ordre de l’allégation », « il y a aussi eu enquête ». Qui n’ont rien révélé d’incriminant jusqu’ici.

Cela continuera, assure Pravind Jugnauth, qui insiste sur le fait qu’il n’y a pas eu d’ingérence de haute personnalité politique pour favoriser Sobrinho.

[blocktext align=”right”]TRAITEMENT VIP
Cette séance dédiée à la Private Notice Question, plutôt houleuse, a mis au jour le traitement particulier accordé à Sobrinho lors de son passage à l’aéroport de Plaisance. L’Angolais a eu droit au VIP Lounge en pas moins de 31 occasions entre octobre 2015 et février 2017. Dont 21 alors qu’il était accompagné de membres de sa famille ou de proches collaborateurs. La requête pour un tel traitement émanait de la secrétaire de la présidente de la République.[/blocktext]

Aucune pression

Xavier Duval est revenu à la charge plusieurs fois, insistant sur la nécessité d’une « enquête indépendante ». Surtout au vu des déclarations d’Ivan Collendavelloo, en mars dernier, qui a pris fait et cause pour l’ex-CEO de la défunte Banco Espirito Santo Angola.

Le Deputy Prime minister, a contré Jugnauth, « a droit à son opinion, c’est la sienne ».

Cependant : « Peu importe qui rencontre Álvaro Sobrinho, même si c’est quelqu’un du gouvernement, cela n’a aucune incidence sur les enquêtes en cours », insiste le chef du gouvernement.

Qui poursuit, en réponse aux accusations de Duval quant aux pressions sur la Financial Services Commission et la Financial Intelligence Unit : « Ce n’est absolument pas le cas. »

Pravind Jugnauth a invité, narquois, le leader de l’opposition à révéler ce qu’il sait : « Il  a de nouveaux amis maintenant. S’il a de nouvelles infos, il devrait nous dire. » Que ce soit sur les pressions supposées ou les investissements de Sobrinho.

Le chef du gouvernement a, en revanche, adressé une fin de non-recevoir au travailliste Ritesh Ramphul. Le député souhaitait savoir si le Premier ministre demandera à Ivan Collendavelloo, qui semble « bien au courant de la provenance des fonds » de Sobrinho, et à la présidente de la République (en levant son immunité) de collaborer aux enquêtes en cours.

« Ce ne sont que des allégations », a insisté Pravind Jugnauth. « Le Deputy Prime minister n’a rien à voir avec cette affaire. Pour ce qui est de la présidente, j’estime que c’est une honte » de rabaisser ainsi son nom.

Les intérêts de Sobrinho

Le leader de l’opposition a lourdement insisté sur le fait que l’Angolais a investi dans 131 villas et appartements du projet Royal Park, à Balaclava.

Alors que selon les informations dont dispose le Premier ministre – qui pourrait avoir été « induit en erreur », estime Duval –, Sobrinho a acquis une propriété résidentielle de ce Real Estate Scheme en novembre 2016 pour la somme de Rs 52 millions.

La compagnie Vango Property Ltd, le « bras immobilier d’ASA Group et dont l’unique actionnaire est Sobrinho » – dixit Pravind Jugnauth – a acquis deux parcelles à Ebène valant quelque Rs 43,5 millions.

L’Angolais lui-meme est détenteur d’un Occupation Permit d’une durée de trois ans, valable jusqu’au 6 octobre 2018.

Devant l’insistance de Duval, Maya Hanoomanjee a invité le leader de l’opposition à apporter à l’Assemblée nationale les informations ou preuves qu’il détient concernant cet investissement qui serait plus conséquent dans le projet Royal Park.

Rajesh Bhagwan, du MMM, a lui voulu savoir si Sobrinho est « protégé et traité en VIP » parce qu’il est le « principal bailleur de fonds du ML et du MSM ». Le Premier ministre a balayé ces propos d’un revers de main, appuyé d’un « koz ninport! » de Collendavelloo.

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Le PM traîne en longueur

Si l’opposition craignait que la longue réponse initiale du Premier ministre viendrait rogner sur les questions supplémentaires, voire annulerait complètement cette partie, tel n’a pas été le cas. La Speaker a, en effet, accordé du temps additionnel. Au final, 30 minutes de plus, soit autant que Pravind Jugnauth.

Car en dépit des nombreuses remontrances de la présidente de l’Assemblée nationale, le Premier ministre n’a pas fait court.

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