«Rakesh Gooljaury is a self-confessed liar.» Dev Jokhoo l’a répété pas moins de trois fois lors de son interrogatoire par la police, il y a trois ans. Quand le sergent Seebaruth, qui enregistrait sa déposition, lui a demandé si, comme dans la version de l’homme d’affaires, Navin Ramgoolam et Nandanee Soornack étaient dans une position compromettante quand le voleur est entré dans le bungalow dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011. Si le Premier ministre d’alors avait été légèrement blessé en tentant de défendre. Et si Rampersad Sooroojebally, Ramgoolam et lui-même s’étaient accordés pour demander à Gooljaury de se faire passer pour la victime du vol.

Les dépositions des anciens Deputy Commissioners of Police Jokhoo et Sooroojebally ont été lues en Cour intermédiaire, ce lundi 5 mars, à la reprise du procès dans l’affaire Roches-Noires. Par le sergent Seebaruth pour le premier, et l’inspecteur Ramdoo pour le second.

Pour Jokhoo, Rakesh Gooljaury est un «self-confessed conspirator» qui jouit de la protection de l’actuel régime et de faveurs. Il y a des motivations politiques derrière toute cette affaire, a affirmé l’ancien policier aux enquêteurs. Jokhoo s’est dit surpris d’apprendre que c’est Gooljaury qui ‘en est chargé’.  Il récuse l’accusation de complot, soulignant que Ramgoolam est suffisamment responsable pour décider s’il voulait rapporter le cas. «Le vrai problème n’est pas qui était là-bas mais qui a commis le crime», a déclaré l’ancien policier dans sa déposition.

Jokhoo a affirmé aux enquêteurs qu’il ne connaissait ni Gooljaury, ni Soornack avant ce fameux soir. Le haut-gradé de la police a fait le tour du bungalow, et conseillé au Premier ministre de quitter les lieux. Que la police se chargerait du reste. Comment est-il arrivé à Roches-Noires ? Navin Ramgoolam l’avait appelé. Sur place, le Premier ministre d’alors, agité tout comme Soornack, devait lui raconter qu’un voleur était entré et avait volé Rs 20 000. L’ex-DCP ne lui a posé aucune question, Ramgoolam n’aime pas ça. Il lui a, en revanche, conseillé de quitter les lieux, la police se chargerait du reste. Sa préoccupation, dit-il, était la sécurité de Ramgoolam et des lieux.

Si Rampersad Sooroojebally n’a pas usé des mêmes termes envers Gooljaury, sa position est similaire. Non, ce que dit Rakesh Gooljaury dans sa seconde version des faits des incidents du bungalow de Roches-Noires n’est pas vrai. Non, il n’y a pas eu complot. «En fait, j’ai dit au Premier ministre de rapporter le cas à la police», a affirmé Sooroojebally dans sa déposition. «Je n’ai jamais interférer avec une quelconque enquête dans cette affaire.»

Lorsqu’il est arrivé au campement de Roches-Noires, Jokhoo y était déjà, en compagnie de l’ancien chef du gouvernement et de Soornack, que Ramgoolam a présenté comme étant une «amie».

Sooroojebally a indiqué dans sa déposition qu’il n’avait pas rencontré Gooljaury ni Soornack avant la nuit du 2 au 3 juillet 2011. Il n’a d’ailleurs appris l’identité de celle-ci qu’en 2012, lorsque sa photo est parue dans la presse.

A Ramgoolam qui lui a relaté le déroulé des incidents de ce soir-là, Sooroojebally a conseillé de ne pas retourner dans la chambre où le voleur s’était introduit pour ne pas «tamper with evidence».

Comme Jokhoo, Sooroojebally n’était pas au courant du vol supposé d’une montre Rolex.

Lors de son contre-interrogatoire, l’inspecteur Ramdoo a indiqué qu’il n’était pas l’auteur de la cinquantaine de questions adressées à l’ex-DCP Sooroojebally. L’un de ses supérieurs s’en est chargé.

Le contre-interrogatoire du sergent Seenbaruth est prévu pour le 7 mars, soit dans deux jours. Les témoignages de représentants de Mauritius Telecom et Emtel sont aussi attendus.

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