La Financial Services Commission (FSC) n’a pas tardé à réagir après la diffusion d’une vidéo d’India Today. Le régulateur réclame la révocation, en attendant la conclusion de l’enquête initiée à son niveau, de Shakil Fakeermahamod. L’homme est présenté comme un intermédiaire dans l’affaire AgustaWestland.

Dans un communiqué [lire le PDF], la FSC indique avoir écrit à ML Administrators Ltd pour la notifier qu’elle a émis une directive quant à la révocation de Fakeermahamod en tant que directeur et Money Laundering Reporting Officer (MLRO). Le régulateur cite « divers articles parus dans la presse écrite et électronique » ainsi que le documentaire d’India Today, diffusée le 24 mai. Et précise qu’une transcription de la conversation de Fakeermahamod avec les journalistes du média indien, qui s’étaient fait passer pour des consultants en immobilier (voir vidéo plus bas).

AgustaWestland, société basée en Italie, est impliquée dans une affaire de pots-de-vin qui remonte à près de dix ans. Un appel d’offres pour le compte de l’armée de l’air indien avait été émis en 2005 pour des hélicoptères qui serviraient au transport de très hautes personnalités. Le constructeur d’hélicoptères militaires et civils aurait versé quelque 50 millions d’euros à des responsables de la Grande péninsule pour que ses services soient retenus.

Le contrat a été signé en 2010 puis annulé 2013, suite à l’arrestation, en Italie, de Bruno Spagnolini et de Giuseppe Orsi pour corruption dans cette affaire. Les deux hommes ont été condamnés à la prison par la justice italienne, en avril dernier, relançant les investigations du Central Bureau of Investigation indien et de l’Enforcement Directorate, pourtant démarrées il y a plus de trois ans.

Durant le cours de l’enquête des autorités indiennes, Maurice a été évoquée comme plateforme par laquelle transitaient les pots-de-vin. Le reportage d’India Today vient, lui, présenter Shakil Fakeermahamod comme « l’homme mystère » qui a acheminé les pots-de-vin vers la Grande péninsule sur ordre de Gautam Khaitan, l’un des principaux accusés dans le scandale AgustaWestland qui n’en finit pas de provoquer des remous en Inde.

Aux journalistes d’India Today (voir vidéo plus bas), Fakeermahamod expose le modus operandi pour investir en Inde sans s’acquitter de taxes, et soutient que le global business mauricien peut blanchir l’argent sale. Il clame également que Gautam Khaitan est un conseiller auprès de la FSC et qu’il participait aux négociations sur le traité fiscal avec lnde-Maurice. Ce que dément avec force le régulateur.

Ces affirmations, écrit la FSC dans son communiqué, sont « fausses, trompeuses et sans fondement ». Elle précise n’avoir jamais retenu les services de Khaitan ni comme « conseiller, consultant ou à aucun autre titre ».

Les propos de Fakeermahamod dans cet entretien en caméra caché, avance la FSC, démontrent ses « scheming nature and irresponsible behaviour », indignes d’un officier approuvé par la FSC. Celle-ci rappelle dans le même temps les responsabilités des opérateurs à qui elle délivre un permis ainsi que les règles strictes en vigueur quant au Due Diligence, à la provenance des fonds et au blanchiment d’argent. La FSC souligne dans la foulée qu’elle se conforme, en tant que régulateur et superviseur, aux normes internationales et aux meilleures pratiques.

« The statements allegedly made by Mr Shakil Fakeermahamod are factually incorrect, misleading and damaging to the good repute of Mauritius as an international financial centre of substance », fait ressortir le régulateur. Qui dit avoir des raisons de penser que le directeur et MLRO de ML Administrators Ltd « may have indulged in financial crime ».

Shakil Fakeermahamod et ML Administrators ont sept jours pour s’expliquer en écrit. Si ni l’un, ni l’autre ne se manifeste, cette directive temporaire « will stand confirmed ».

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