Un groupe d’archéologues des Etats-Unis, de l’Italie, de La Réunion et de la Slovénie (photo) ont quitté l’île Plate mardi 5 juillet à l’issue d’une mission de deux semaines. Ils ont eu pour objectif de reconstituer la vie des milliers de travailleurs engagés indiens qui y ont été envoyés en quarantaine par l’administration britannique entre la deuxième moitié du 19e siècle et le début du 20e siècle.

Cette équipe était menée par le Mauricien Chris Seetah, celui-là même qui avait effectué des recherches sur le marronnage sur le site du Morne il y a près d’une décennie. Professeur associé au département d’anthropologie de l’université de Stanford, il s’était intéressé à ce bout de caillou situé à 21 kilomètres au nord de Maurice.

Formé à Cambridge, Chris Seetah a débuté des recherches à Maurice de son propre chef en 2008. Il a fini par approcher l’Aapravasi Ghat Trust Fund pour pouvoir effectuer des recherches à l’île Plate, l’Aapravasi Ghat et Trianon dans le cadre du programme Mauritian Archaeology and Cultural Heritage (MACH) qui étudie l’impérialisme européen et le processus colonial.

L’aide des deux archéologues réunionnaises Morgane Legros et Nelly Grange, explique le Mauricien, était nécessaire de par leur expérience quant à la vie des engagés à l’île sœur. De par son éloignement, l’île Plate avait été désignée comme «lazaret» par le parlement britannique pour lutter contre la propagation du choléra. Plusieurs dizaines de milliers de livres sterlings avaient été débloquées pour y construire un hôpital et diverses installations entre 1856 et 1870.

Le choléra, introduit par un navire en provenance de Ceylan en 1854, venait alors de causer 7 650 décès. Les médecins de Sa Majesté croisaient le fer avec ceux d’origine française quant à l’origine de la maladie. Les premiers ne croyaient nullement à une contagion, jusqu’à ce qu’ils soient forcés de changer d’avis, ce qui a poussé le gouverneur à réclamer l’aide de Londres.

L’île Plate ne pouvait continuer à accueillir des malades sous des tentes de fortune. Un phare et une jetée avaient également été construits sur place pour éviter tout naufrage, la mer étant particulièrement démontée dans cette région. Ce qui mettait à mal le rationnement durant les cyclones et en période de mauvais temps, précipitant de nombreux malades dans la tombe.

La culture vivrière et l’élevage furent encouragés pour éviter la famine, détruisant par la même occasion la faune et la flore endémiques. Entre 1857 et 1859, des filaos ont été commandés auprès du jardin botanique de Pamplemousses pour prémunir les installations contre les vents violents. D’autres espèces étaient mises en terre pour être utilisées comme feu de bois.

Outre les engagés fraîchement débarqués à Port-Louis et soupçonnés d’être porteurs de maladie, l’île Plate accueillait aussi des esclaves affranchis, des coolies chinois et des soldats britanniques. D’où l’évocation des experts des similitudes entre l’île Plate avec Nelson Island, au Trinidad, et Nukulau Island aux îles Fidji.

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