L’ancien hôpital militaire, restauré d’ici fin 2020… Rêve ou utopie ? C’est en tout cas le souhait ardent de ceux qui espèrent y voir s’installer le Musée intercontinental de l’esclavage. Ainsi que s’y est engagé le gouvernement en avril 2016. Un film lancé durant la semaine écoulée explique pourquoi ce site est idéal pour accueillir ce lieu de mémoire dédié aux esclaves qui ont aidé à bâtir Maurice.

Réalisé par David Constantin, «An Intercontinental Slavery Museum in Port-Louis – Mauritius» (voir plus bas) est à mettre au compte du Centre for Research on Slavery and Indenture, avec la collaboration de chercheurs mauriciens et étrangers ainsi que du Centre Nelson Mandela pour la culture africaine. Le centre de recherches a aussi lancé un fascicule résumant l’histoire de l’hôpital militaire.

Le projet de musée, font comprendre les divers intervenants dans ce film court, va cependant au-delà du devoir de mémoire vis-à-vis de ce pan douloureux de notre histoire. Le parcours imaginé par les historiens, tel que le montre le film, retracera les origines des esclaves, leur quotidien à Maurice, leur contribution à l’économie et à d’autres niveaux. Mais aussi la créolisation et le marronnage.

Le Musée intercontinental de l’esclavage fait partie des recommandations de la Commission Justice et Vérité. Celle-ci avait chargé la Dr Benigna Zimba, de l’université Eduardo Mondlane au Mozambique, du concept, qui a ensuite été élaboré par des chercheurs du CRSI sous la direction de la Dr Vijaya Teelock de l’université de Maurice. Le musée s’inscrit dans la lignée du musée des civilisations noires, inauguré en décembre au Sénégal.

L’hôpital militaire est idéalement situé car sur le port, non loin du lieu de débarquement des esclaves. Plus vieux bâtiment de Maurice, il est à proximité de l’Aapravasi Ghat, et pourra par conséquent faire partie d’un parcours du peuplement, accessible aux Mauriciens et aux touristes.

L’hôpital comprend trois bâtiments, érigés dans les années 1740 par des esclaves sous la direction de Mahé de Labourdonnais. Des marins français mais aussi bengalis, de foi musulmane, y ont été soignés, de même que des esclaves.

Deux des trois bâtiments accueilleront le musée tandis que le troisième, autrefois un entrepôt pour la nourriture, les fournitures médicales, et des fournitures pour les navires, sera aménagé en une galerie.

Un Inventaire des sources sur l’esclavage et la traite négrière, soit les documents consultables aux Archives nationales de France, a aussi été lancé le 30 janvier. Certains ont été transcrits afin de faciliter la compréhension et seront mis en ligne.

Photo (capture d’écran) : L’hôpital militaire, à Port-Louis, vu du ciel.

Le film réalisé par David Constantin :

Facebook Comments