Cette fin d’année 2019 ne sera pas festive pour les libraires de l’île. Ces derniers ont reçu la décision du ministère de l’Education de distribuer des manuels scolaires gratuits aux élèves de la Grade 7 et 8 comme un coup de massue. Ils expliquent que les grades 7, 8 et 9 représentaient leurs plus grosses ventes en fin d’année qu’ils surnomment «sezon lakoup».

Pour les classes restantes, les libraires expliquent que les collégiens achètent des manuels scolaires qu’en grade 10 et utilisent le même livre l’année suivante. Idem pour les élèves de la lower qui utilisent les mêmes manuels pour la upper.

L’achat des livres dans les librairies permettait également aux parents d’y acheter stylos, cahiers et autres articles de papeterie. Depuis l’annonce, les librairies disent attirer plus grand monde, ce, alors que l’année dernière, les parents y faisaient la queue tout le mois de décembre.

Pour Bala Pather, propriétaire de la librairie Bonanza à Port-Louis depuis 1972, la situation est grave. La décision a été communiquée très tard par le ministère, soit en début du mois déplore-t-il. Il avait alors déjà commandé plus de Rs 200 000 de stock pour les grades 7 et 8. Tout cet argent part en fumé, se désole-t-il, car le ministère n’a pas prévu de reprendre les stocks des libraires pour la distribution des manuels dans les écoles.

Des discussions dans ce sens sont en cours avec le ministère, explique Devarajen Samoo, secrétaire de la Booksellers and Newsagent Association. Une réunion entre l’association des libraire et le senior chief executive du ministère de l’Education avait eu lieu le lundi 9 décembre. Aucune conclusion n’a été communiquée pour l’heure, soutient Devarajen Samoo.

Au Bookstore des Editions l’Océan Indien à Port-Louis, plus d’une trentaine de boîtes de manuels ont du être renvoyés vers leur bâtiment de stockage. Yashvin Hassamal, directeur d’EOI, indique que plus de 99 000 manuels de grade 7 et 8 resteront invendus dans les librairies de l’entreprise. Il ajoute qu’à travers le pays, 130 000 exemplaires de manuels scolaires n’arriveront pas aux mains des collégiens.

Reprendre les stocks des libraires n’est cependant pas une décision qui s’étalera sur le long terme, soutient toutefois Bala Pather. Quel rôle joueront les libraires les années suivantes, demande-t-il.

L’association des libraires recommande ainsi que le ministère de l’Education mette en place un système de voucher qui permettra à l’Etat de financer l’achat des manuels dans les librairies. Les parents devront s’y rendre et n’auront qu’à payer la différence du montant inscrit sur le voucher. «Nous n’avons rien contre la décision du ministère», fait ressortir le propriétaire de la librairie Bonanza, «mais laissez nous vivre», plaide-t-il.

Gérant de la librairie Bonanza depuis maintenant 47 ans, Bala Pather envisage désormais de fermer boutique, ou de changer d’entreprise.

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