Les chanteurs et producteurs gagnent difficilement leur vie de la musique. Et la popularité de leurs morceaux ou albums n’y change rien, soutient le Kolektif artis morisien (KAM), mis sur pied suite aux incidents survenus entre artistes, marchands ambulants et policiers, le 30 décembre dernier. A titre d’exemple, explique Siva Pareemanun de Dodo Music Shop : Désiré François n’a vendu qu’environ 2 500 copies de l’album sur lequel figure le morceau Dipain griyé, qui est pourtant disque de l’année 2015. Alors qu’un marchand ambulant qui propose des copies piratées d’œuvres locales, poursuit Pareemanun, peut faire un chiffre d’affaires de Rs 40 000 au quotidien et ne risquer qu’une amende allant de Rs 1 000 à Rs 5 000.

S’il revient aux autorités de faire respecter les lois, estiment les artistes réunis au sein de ce collectif, ces derniers continuent de souligner les lacunes que comporte la Copyright Act, votée en 2014. Certes, avance Zanzak Arjoon, des comités se sont succédé au fil des années. Mais, dit-il, ce n’était là que des structures consultatives au sein desquelles les recommandations formulées par les artistes n’ont aucune garantie d’être prises en compte. C’est ce qui s’est passé, estime-t-il, avec la loi sur les droits d’auteurs. L’artiste est ainsi d’avis que l’Etat doit mettre sur pied un High powered Committee. « Et que les recommandations que nous ferons aient force de loi », soutient Zanzak Arjoon.

Le KAM espère que les discussions qu’il y a eues jusqu’ici porteront leurs fruits. A l’instar de la réunion avec le Deputy Prime minister Xavier Duval. Une rencontre que Richard Hein, producteur qui siège aussi au sein du board de la Rights Management Society, juge « très fructueuse ». Et durant laquelle le groupe d’artistes a, dit-il, fait valoir plusieurs points. Outre la révision du Copyright Act, ils réclament notamment une révision des tarifs qui leur sont dus, une taxe sur les machines et autres médias utilisées pour réaliser des copies privées, de même que l’application de la loi pour les interprètes.

Le Kolektif artis morisien entend faire entendre ses revendications lors d’une marche pacifique prévue pour le vendredi 29 janvier dans la capitale. Le coup d’envoi sera donné à 11h au Champ-de-Mars pour rallier le jardin de la Compagnie. La bataille, rappelle Zanzak Arjoon, se situe sur trois fronts : dénoncer la brutalité policière, amender la Copyright Act ainsi que les tenants et aboutissants d’une industrie culturelle.

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