La plateforme écologiste ne relâche pas la pression depuis dix jours. Après une manifestation le 17 avril, puis une semaine plus tard, pour protester contre la nouvelle route menant à la plage publique de La Cambuse, Aret kokin nou laplaz (AKNL) explique aujourd’hui, en conférence de presse, les raisons de son opposition.

Yan Hookoomsing affirme d’emblée que la nouvelle voie met en péril le « trésor unique » qu’est le cimetière des dodos de Mare-aux-Songes. La route, explique le membre coordinateur d’AKNL, longe la mare « à moins de 30 mètres », et se trouve donc dans sa zone tampon.

Or, poursuit-il, des scientifiques ont recommandé « une limite de 100 mètres » autour de Mare-aux-Songes. Le même périmètre est à être appliqué autour des dunes de sable. Ces derniers, souligne Hookoomsing, font partie d’un fragile équilibre qui a permis jusqu’ici de préserver les ossements de dodos.

Avec le projet d’hôtel du Chaland Resorts Hotel, c’est aussi le statut de site Ramsar du parc marin de Blue-Bay qui est remis en question, avance Hookoomsing. Mare-aux-Songes se situant dans sa buffer zone.

L’activiste est d’avis que le gouvernement devrait envisager de faire inscrire Mare-aux-Songes sur la Liste du patrimoine mondial. Le site pourrait être exploité, dit-il, à des fins touristiques, scientifiques et éducatives. Un projet sur lequel il faudra peut-être « faire l’impasse », se désole Hookoomsing, à cause du projet du Chaland Resorts Hotel, à côté, qui n’est « pas durable ».

La nouvelle route d’accès fait partie du projet de développement hôtelier soumis par le groupe Currimjee. Le promoteur, qui est sous le coup d’un Stop Order depuis fin novembre 2015, a peut-être commis un outrage à la Cour avec ses travaux, laisse entendre Hookoomsing. Celui-ci souhaite que l’ancienne route d’accès soit rouverte au public.

Du côté du promoteur, on insiste que « tout a été fait en accord avec les autorités » et en conformité avec les permis obtenus et les lois en vigueur. La route d’accès, précise Dinesh Burrenchobay, a été construite « sur un terrain privé mis dans le domaine public ». Le Stop Order, fait-il valoir, est valable pour les travaux se rapportant à l’hôtel, et non à la route. « Sinon, les autorités n’auraient pas permis la poursuite des travaux » pour cette dernière.

Face aux critiques de la plateforme AKNL, le Managing Director de Currimjee Hospitality Management Ltd fait valoir que : « Le tracé a été validé par tous les ministères concernés et il y a eu de nombreuses ‘site visits’ avant le ‘handing over’, le mercredi 20 avril, et l’ouverture deux jours plus tard. »

La route d’accès se situe, selon les relevés effectués par les autorités, à 31,5 mètres de la zone humide (wetland) la plus proche, contre les 30 que prévoit la législation, souligne Dinesh Burrenchobay. Qui ajoute que la distance d’avec le bassin où les ossements de dodos ont été découverts est de « 239 mètres ».

Pour le Managing Director, la question de la réouverture de l’ancienne route qui, dit-il, se trouve sur un terrain privé, « ne se pose pas ». S’il avance ne pas vouloir commenter les rapports des scientifiques dont les services ont été retenus par la plateforme à cause du procès en Cour, Dinesh Burrenchobay relève toutefois qu’ils comprennent des « contradictions » qui seront abordées en temps et lieu.

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