Maurice  gagnerait à prendre exemple sur la Jordanie sur le dossier des travailleurs étrangers. C’est l’avis de la Confédération des travailleurs du secteur privé. Une délégation du syndicat était récemment en mission au Bangladesh, explique Reeaz Chuttoo. Lors d’un colloque à Dacca, des Bangladais ont témoigné quant à leurs conditions de travail à Maurice. Ce qu’il en ressort ? Au moins une quinzaine de types d’abus répertoriés, et le fait que les employeurs du textile sont considérés comme des «surexploiteurs», soutient Chuttoo.

La raison principale ? Certains opérateurs insistent pour recruter des Bangladaises, qui seraient plus dociles même sous la pression, affirme le président de la CTSP. Et de citer d’autres exemples d’abus : pas d’allocation repas pour ceux qui font des heures supplémentaires, pas d’augmentation de salaires, les congés non remboursés… «La liste est longue», affirme Chuttoo.

La CTSP insiste sur un système de contrôle plus rigoureux. D’abord en ce qui concerne le recrutement, qui doit passer par des agences reconnues par le gouvernement, à l’exemple du modèle jordanien. Ce qui permettrait d’éviter les abus d’agents peu scrupuleux qui ont encore cours. Une suggestion que Reeaz Chuttoo avait formulé lors de l’atelier de travail organisé par la marque Asos et le Haut-commissariat britannique sur le recrutement de travailleurs bangladais, la semaine dernière.

Ensuite, les règlements encadrant le logement de travailleurs étrangers devrait tomber devrait être sous la responsabilité du ministère du Travail et non de la Santé, indique Jane Ragoo. Celle-ci n’étant pas habilitée à prendre des sanctions en cas d’infraction, explique la secrétaire générale de la CTSP.

Il faudrait aussi mettre sur pied un Workers Centre où les travailleurs étrangers pourront s’informer sur leurs droits, ou encore apprendre le créole ou l’anglais, poursuit Jane Ragoo.

L’accord-cadre en cours de discussion entre les gouvernements mauricien et bangladais sur les conditions de recrutement doit être rendu public, insiste la CTSP. Jane Ragoo s’indigne que ce document comporte des «clauses secrètes». Alors que le syndicat devrait être impliqué, soutient-elle.

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