«Il y a encore du travail à faire» en termes de représentation des femmes au Parlement. Le constat vient de Soyata Maiga, de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Elle a présidé une délégation qui était à Maurice du 13 au 17 août.

Certes, «on nous dit que des efforts sont faits», a déclaré Soyata Maiga à l’issue de la conférence de presse qui a clôturé la mission, le vendredi 16 août, la seconde depuis 2006. Et de relever, par exemple, le fait que le nombre de femmes au niveau des instances des collectivités locales est «satisfaisant». Plus d’effort est toutefois requis afin de favoriser une plus grande autonomisation des femmes et, partant, leur engagement en politique, estime la présidente de la commission. Notamment en adoptant une loi pour garantir un certain quota de femmes à l’Assemblée nationale.

Sur la question des violences domestiques, la délégation de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples fait ressortir que l’article 242 du Code pénal aurait dû être révoqué. Celui-ci dispose que : «Le meurtre commis par l’époux sur son conjoint, ainsi que sur le complice, à l’instant où il les surprend en flagrant délit d’adultère, est excusable.»

Alors ministre, Aurore Perraud avait annoncé lors de la présentation en deuxième lecture du «Protection Against Domestic Violence (Amendment) Bill», en juin 2016, que le ministère de l’Egalité des genres et le State Law Office travaillaient sur cette partie de la loi. Un mois plus tôt, la Law Reform Commission recommandait l’abrogation de l’article 242.

La délégation comprenait les commissaires Hatem Essaiem et Rémy Ngoy Lumbu ainsi que deux juristes du Secrétariat de la Commission africaine, Estelle Nkounkou et Albab Tesfaye. Leur mission, entre autres : évaluer la situation des droits humains à Maurice, dans le sillage de la présentation du rapport périodique du pays en 2017.

D’autres points noirs ont ainsi été relevés, par exemple, le nombre élevé de personnes en détention préventive, en particulier pour des cas liés à la drogue. La hausse du taux d’infection au VIH-sida chez les adolescents et les jeunes inquiète la délégation. Celle-ci déplore également les «lenteurs constatées» quant à l’adoption de certaines réformes relatives à l’âge légal du mariage (16 ans actuellement) et aux personnes handicapées.

La délégation a ainsi rencontré le Premier ministre ; le Chef juge Eddy Balancy ; Joe Lesjongard, vice-président de l’Assemblée nationale ; le ministre mentor sir Anerood Jugnauth ; la vice Prime minister Fazila Jeewa-Daureeawoo ; le ministre des Affaires étrangères Nando Bodha ; le ministre  de la Sécurité sociale Etienne Sinatambou ; le ministre de la Justice Maneesh Gobin, «cheville ouvrière de la mission» ; le ministre e l’Intégration sociale Alain Wong ; le ministre de l’Economie océanique Prem Koonjoo ; le ministre de l’Emploi, Soodesh Callichurn ; le commissaire adjoint de police, le Director of Health au ministère de la Santé, de hauts cadres de la Jeunesse et des Sports ; ainsi que des représentants de la société civile, des organisations des droits humains, des professionnels des médias et la représentante résidente des Nations unies à Maurice.

Des séances de travail ont également étaient organisées avec de hauts cadres du ministère de l’Education ; les représentants de la Commission nationale des droits humains, du Mécanisme de prévention sur la torture, de la Commission sur l’égalité des chances, de la Commission indépendante sur les plaintes contre la police, de l’Independent Commission against Corruption, ainsi que du mécanisme national de présentation des rapports et du suivi des recommandations.

La délégation s’est aussi rendue à la prison de Beau-Bassin pour discuter avec des responsables mais aussi des détenus.

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